(Ottawa) Lorsque Leanne Kaufman demande à des personnes qui ont agi à titre d’exécuteur testamentaire pour un être cher si elles le feraient de nouveau, la réponse est presque toujours non.

« Les gens ne savent pas ce qu’ils ne connaissent pas en ce qui a trait à ce rôle, et s’ils avaient su quelles sont la charge de travail et sa difficulté, et quels sont les dommages potentiels à leur situation familiale, ils ne l’auraient jamais fait », a expliqué la cheffe de la direction de RBC Trust Royal.

Nommer un exécuteur testamentaire — ou un liquidateur, comme on le désigne dans le Code civil du Québec — dans son testament est une décision importante, car il appartiendra à cette personne de s’assurer que sa succession soit correctement liquidée et que ses souhaits soient exaucés après son décès.

Plusieurs nomment un ami proche ou un membre de la famille comme liquidateur, mais des experts rappellent qu’il est également possible de nommer un professionnel en succession pour s’acquitter de ces tâches, afin d’éviter de surcharger un être cher en deuil avec ce qui peut s’apparenter à un travail à temps partiel pendant des années.

La liquidation d’une succession implique des dizaines de tâches, notamment la gestion des investissements, le remboursement des dettes et la vente de biens immobiliers, mais également des tâches plus banales comme le nettoyage d’un réfrigérateur et l’annulation d’abonnements.

Les services de liquidateurs professionnels sont généralement offerts par des sociétés de fiducie et peuvent remplir le rôle d’exécuteur testamentaire dans un testament.

En général, plus la succession est complexe, plus il peut être pertinent d’avoir recours à un liquidateur professionnel. Si la succession implique des comptes en fiducie, une personne morale peut également agir à titre de fiduciaire et superviser les comptes qui peuvent continuer à exister pendant des années s’ils ont été établis pour un enfant ou un membre handicapé de la famille.

Nommer un liquidateur professionnel peut également protéger un être cher qui, par manque d’expérience, pourrait commettre une erreur dans la gestion d’une succession, ce qui pourrait lui valoir d’être poursuivi ou tenu responsable.

L’exécuteur professionnel n’aura pas froid aux yeux et ne décidera pas qu’il ne peut pas ou ne veut pas le faire lorsque viendra le temps de liquider une succession.

Pour ceux qui ne veulent pas faire une croix sur la touche personnelle, un ami proche ou un membre de la famille pourrait être nommé coliquidateur aux côtés d’un professionnel qui apportera l’expertise nécessaire pour gérer la succession.

« Si on nomme un être cher, il faut lui faire savoir qu’il peut obtenir de l’aide et qu’il a la permission pour le faire », a souligné Mme Kaufman.

S’il y a un potentiel de disputes entre les bénéficiaires, un liquidateur professionnel peut aider à offrir une approche impartiale qui n’est pas entachée par la dynamique familiale.

Melanie McDonald, vice-présidente et directrice régionale de la Société de fiducie BMO, fait valoir qu’une succession gérée incorrectement pourrait causer des dommages irréparables à une famille qui se retrouverait avec des personnes qui ne se parlent plus lors des repas des Fêtes.

« Et maintenant, l’autre réalité est que les familles deviennent plus complexes avec les familles reconstituées », a-t-elle souligné. « Lorsque le ciment principal qui gardait la famille unie n’est plus là, en particulier dans les cas de deuxième ou troisième mariages, cela pourrait défaire la dynamique familiale. »

Mais le recours à un liquidateur professionnel n’est pas gratuit. Généralement, le prix est basé sur la taille du patrimoine et sa complexité, explique Mme McDonald. Il peut aller de deux à 5 % de la valeur du patrimoine.

Mais elle ajoute que les services d’un liquidateur professionnel ne sont pas uniquement destinés aux personnes fortunées, avec des successions aussi importantes que complexes.

« Je pense que c’est quelque chose que chaque personne devrait envisager parce que, quelle que soit la taille (du patrimoine), les tâches sont les mêmes et les problèmes sont les mêmes », a affirmé Mme McDonald.

« Peu importe le prix de la maison, elle doit toujours être vendue et nettoyée. »