Les consommatrices indiennes peuvent désormais porter les sous-vêtements et les pyjamas de La Vie en Rose. Le détaillant québécois s’est établi à New Delhi en juillet avec un premier magasin, puis à Bangalore en octobre. Un troisième ouvrira prochainement à Pune.
Cet atterrissage en terre indienne est la « pierre angulaire » d’un plan d’expansion internationale. L’entreprise établie dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal veut également faire sa marque en Indonésie, en Malaisie, au Viêtnam, au Cambodge et en Mongolie.
D’ici 2028, le grand patron, François Roberge, compte avoir 500 points de vente à l’étranger. Le détaillant est déjà installé aux Émirats arabes unis, aux Philippines, au Koweït, en Égypte, au Liban, au Qatar, en Jordanie, en Algérie, à Oman, à Bahreïn, en Irak, en Azerbaïdjan, en Géorgie, en Libye, en Tunisie et au Maroc.
« L’Inde, c’est quand même l’un des gros marchés en devenir », a répondu en entrevue le président-directeur général de La Vie en Rose, lorsque La Presse lui a demandé pourquoi il avait décidé d’aller vendre ses soutiens-gorges et ses petites culottes dans ce pays. « On pense qu’on peut peut-être y avoir un jour de 100 à 150 magasins. »
C’est un long travail. On a passé à travers la COVID. On n’a jamais manqué de stock. On a bien manœuvré dans cette crise-là et on dirait que ça a donné confiance à des gens.
François Roberge, président-directeur général de La Vie en Rose
Comment dit-on La Vie en Rose en hindi ? Ne cherchez pas la traduction, les boutiques à venir arboreront sur leur façade le nom de l’entreprise en français. Si des Québécois mettent les pieds dans le magasin de New Delhi ou de Bangalore, ils y trouveront sensiblement les mêmes produits qu’ici, car ceux-ci plaisent également aux Indiennes, assure M. Roberge.
« Une femme, c’est une femme ! lance-t-il en riant. Les soutiens-gorges et culottes sont très populaires [là-bas aussi]. » Le grand patron de La Vie en Rose ajoute également que les consommatrices en Inde apprécient particulièrement les dentelles et les tissus soyeux.
Selon le principal intéressé, l’Inde, où l’on commence à construire de plus en plus de centres commerciaux, est un marché fort intéressant pour son entreprise puisque peu de détaillants de sous-vêtements, à part Victoria’s Secret, y sont établis. « Il y a beaucoup de barrières tarifaires, explique-t-il. Les droits de douane sont à 35 %, ce qui est quand même beaucoup. »
Ouvertures de magasins sur fond de tensions diplomatiques
Les tensions récentes entre l’Inde et le Canada lui ont-elles mis des bâtons dans les roues jusqu’à maintenant ? En septembre, le premier ministre Justin Trudeau avait dit détenir « des allégations crédibles » voulant que des agents liés au gouvernement indien aient joué un rôle dans l’assassinat d’un Canadien d’origine sikhe, Hardeep Singh Nijjar, en juin à Surrey, en Colombie-Britannique. Le gouvernement indien avait qualifié ces accusations d’« absurdes ».
Ces « soubresauts de tensions politiques », comme les qualifie François Roberge, n’ont aucunement affecté les relations d’affaires avec son partenaire Apparel Group India, pas plus que ses ventes, assure-t-il.
« Mais c’est certain que pour moi, il y a eu des freins parce que mes employés n’ont pas pu aller aux ouvertures des derniers magasins parce que, pendant trois mois, il n’y a pas eu d’émission de visas. C’est juste ça qui était dommage pour nous. »
« Mais là, les échanges ont recommencé », ajoute-t-il.
J’espère juste que ces petits soubresauts de tensions politiques, qui ne sont pas liés au commerce, sont derrière nous. Je pense que le Canada a besoin de l’Inde comme partenaire. On a déjà des tensions avec la Chine…
François Roberge, président-directeur général de La Vie en Rose
L’entreprise, qui exploite aussi la marque Bikini Village, travaille présentement uniquement sur l’expansion de La Vie en Rose à l’international.
De ce côté-ci de l’océan
Par ailleurs, La Vie en Rose a également des projets sur le continent américain. Au Québec, où l’entreprise compte 67 magasins, M. Roberge procède présentement à l’agrandissement de ses boutiques pour les faire passer de 3000 à 4000 pieds carrés, comme il vient tout juste de le faire pour celle située aux Galeries d’Anjou. « On a une gamme de produits plus large : plus d’articles pour les tailles fortes et davantage de soutiens-gorges. »
Il tentera également une incursion aux États-Unis. D’ici le mois d’août 2024, La Vie en Rose ouvrira quatre magasins à Buffalo, Detroit, Rochester et Syracuse, toutes des villes situées non loin de la frontière canadienne, afin que ses équipes d’ici puissent y aller facilement au début pour « partir » les projets.
« Le but, c’est de trouver la recette. Je pense qu’elle n’est pas pareille aux États-Unis. La corsetterie, les pyjamas et les maillots sous un même toit, il n’y a personne aux États-Unis qui fait ça. On pense qu’on a une niche. »
La Vie en Rose en bref
- Fondation : 1985
- PDG : François Roberge (a acquis l’entreprise en 1996)
- Marques : La Vie en Rose et Bikini Village
- Nombre de magasins au Québec : 95 (67 La Vie en Rose, 28 Bikini Village)
- Au Canada : 289 (218 La Vie en Rose, 71 Bikini Village)
- Dans le monde : 110 (seulement La Vie en Rose)
- Siège social : Montréal
- Nombre total d’employés : 4500