Un juge fédéral des États-Unis a rejeté lundi une demande de Ben & Jerry’s pour bloquer un plan de sa société mère visant à autoriser la vente de ses produits à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée contre la volonté du conseil d’administration indépendant du fabricant de crèmes glacées du Vermont.

Ben & Jerry’s n’a pas réussi à démontrer que la décision du conglomérat de biens de consommation établi à Londres Unilever nuirait à la mission sociale de Ben & Jerry’s ou confondrait ses clients, selon le juge Andrew Carter.

Dans sa décision de trois pages, M. Carter indique que le préjudice réclamé par Ben & Jerry’s est « trop spéculatif ».

« Les produits vendus en Israël et en Cisjordanie n’utiliseront aucune marque en anglais, mais afficheront à la place les nouvelles marques en hébreu et en arabe de Ben & Jerry’s, écrit-il dans la décision. Ainsi, les produits vendus en Israël et en Cisjordanie seront différents des autres produits Ben & Jerry’s, atténuant, voire éliminant, la possibilité d’atteinte à la réputation. »

Le porte-parole de Ben & Jerry’s, Sean Greenwood, a annoncé lundi que la société n’avait « pas de nouvelle opinion à partager pour le moment ».

La plainte de Ben & Jerry’s dans l’affaire déposée le mois dernier décrivait la tradition d’activisme social de l’entreprise au cours de ses 44 ans d’histoire, y compris l’opposition aux dépenses américaines en armes nucléaires dans les années 1980 et son soutien aux droits des communautés LGBTQ+ et aux agriculteurs dans les années 1990.

Cet activisme s’est poursuivi après son rachat par Unilever en 2000 en mettant l’accent, entre autres, sur la justice pour les migrants et le changement climatique. Au lendemain de la mort de George Floyd en 2020, Ben & Jerry’s est devenu un défenseur du mouvement Black Lives Matter.

L’année dernière, le conseil d’administration indépendant de Ben & Jerry’s a annoncé qu’il allait cesser de vendre ses crèmes glacées en Cisjordanie occupée par Israël et à Jérusalem-Est, affirmant que les ventes dans les territoires réclamés par les Palestiniens étaient « incompatibles avec nos valeurs ».

Plus tôt cette année, Unilever a révélé qu’il vendait sa participation commerciale dans Ben & Jerry’s en Israël à son licencié israélien, qui commercialiserait les produits avec des étiquettes en hébreu et en arabe.

Dans sa poursuite, Ben & Jerry’s a fait valoir que la décision d’Unilever « pose un risque » pour l’intégrité de sa marque. Ben & Jerry’s a également affirmé que l’accord violait l’accord d’acquisition de 2000 qui permettait à Ben & Jerry’s de poursuivre sa mission sociale progressiste indépendamment des décisions commerciales prises par Unilever.

Unilever n’a pas immédiatement répondu à un courriel lundi, mais la société a dit dans le passé qu’elle avait le droit de vendre et que « l’accord est déjà conclu ».

Alors que l’accord d’acquisition de 2000 permettait au conseil d’administration de Ben & Jerry’s de prendre des décisions sur la mission sociale de l’entreprise, il stipulait qu’Unilever aurait le dernier mot sur les décisions financières et opérationnelles.