Une mauvaise surprise guette les voyageurs qui songent au train afin d’éviter le chaos aéroportuaire : le service chez VIA Rail pourrait être suspendu dès lundi prochain puisque 2400 de ses syndiqués représentés par Unifor brandissent le spectre d’une grève qui paralyserait le service ferroviaire.

« Il n’y a aucun train qui va pouvoir fonctionner, affirment les représentants syndicaux Alexandre Lamarre et Stéphane Isabelle, au cours d’un entretien téléphonique. Ça va être une zone de choc, surtout avec Air Canada qui annule des vols tous les jours. »

Au moment où s’amorce la saison estivale, tous les services de VIA Rail seraient suspendus en cas de débrayage. La section locale 100 d’Unifor représente 700 salariés qui effectuent de la maintenance — mécaniciens, électriciens, frigoristes —, dont 400 au centre d’entretien situé à Montréal. Le Conseil 4000 compte 1700 membres répartis dans les gares, à bord des trains ainsi que dans les bureaux administratifs, notamment.

Selon MM. Lamarre et Isabelle, la convention collective des travailleurs est venue à échéance le 31 décembre dernier. Malgré une vingtaine de séances de négociations et de conciliation, l’employeur n’a déposé aucune offre salariale, allègue la partie syndicale.

Unifor affirme que la société de la Couronne demande plusieurs concessions, notamment le retrait d’une entente qui entraînerait la perte de la sécurité d’emploi pour les travailleurs concernés.

« Elle offre à un employé mis à pied environ 80 % de son salaire, affirment les représentants syndicaux. Avant la pandémie, ça ne coûtait rien à l’employeur. Mais ça a changé avec la crise parce qu’il y a eu des mises à pied. Nos membres y tiennent parce que cette clause a sauvé des familles. »

Les membres des deux unités se sont prononcés, de façon quasi unanime, en faveur de mandats de grève. Les votes se sont terminés le 1er juillet dernier. À quelques jours de l’échéance pour éviter une grève, les pourparlers piétinent, selon la partie syndicale.

Rattrapage inflationniste

Unifor n’a pas chiffré ses demandes salariales, mais demande des augmentations qui « tiennent compte de l’inflation ». En mai, l’inflation s’est établie à 7,7 % selon Statistique Canada — la plus forte augmentation annuelle enregistrée depuis janvier 1983.

En soirée, jeudi, le président et chef de la direction de VIA Rail, Martin Landry, a affirmé que la société d’État était déterminée à « négocier une entente juste et raisonnable. » Dans sa déclaration transmise par voie de communiqué, celui-ci a reconnu qu’il n’y avait pas de plan de contingence.

« Si aucune entente n’est conclue, VIA Rail sera forcée de suspendre tous ses services pour la durée de la grève et jusqu’à ce que les opérations normales puissent reprendre en toute sécurité, a indiqué M. Landry. Cette interruption de travail potentielle survient à un moment où nous avons repris presque tous nos services. »

Les clients concernés pourront modifier leur réservation ou opter pour un remboursement intégral des billets non utilisés. Néanmoins, pour les voyageurs, ce scénario viendrait compliquer les déplacements alors que les annulations de vols et les retards se multiplient dans les grands aéroports du pays — et ailleurs dans le monde.

Les problèmes au sein de l’industrie aérienne et dans les aéroports ont incité Air Canada à emboîter le pas à d’autres compagnies. Le plus important transporteur aérien au pays a été contraint de supprimer plus de 15 % de ses vols estivaux, soit environ 150 vols par jour.

Selon la firme DataWazo, jeudi après-midi, près de 40 % des vols intérieurs n’avaient pas décollé à l’heure prévue.

Au pays, l’aéroport Pearson de Toronto était le plus touché par les retards (départs et arrivées) avec 31 % et 32 % de vols retardés. Du côté de Montréal-Trudeau, le quart des vols avaient été retardés au départ. La proportion était similaire du côté des arrivées.

En savoir plus
  • 400
    À travers le pays, VIA Rail, dont le siège social est à Montréal, dit desservir plus de 400 collectivités.
    Source : VIA Rail