Le producteur de cannabis Hexo a profité mardi de la divulgation d’une perte trimestrielle plus de 27 fois plus grande que celle de la même période l’an dernier pour annoncer un nouveau plan stratégique qui devrait réduire ses coûts, rationaliser ses activités et améliorer sa croissance.

La société de Gatineau a affiché une perte de 116,9 millions, soit 46 cents par action, pour son premier trimestre terminé le 31 octobre, ce qui se comparait à une perte de 4,2 millions, ou 4 cents par action, pour la même période un an plus tôt.

L’entreprise procède à une réorganisation de ses activités et de son équipe de direction depuis le départ, en octobre, de son cofondateur et chef de la direction Sébastien St-Louis et de son chef de l’exploitation Donald Courtney.

Quelques jours plus tard, M. St-Louis a été remplacé par Scott Cooper, qui dirigeait jusque là Truss Beverage, la coentreprise entre Molson-Coors Canada et Hexo derrière les boissons Little Victory, Mollo et Veryvell.

M. Cooper a été immédiatement chargé de s’attaquer aux pertes récurrentes de la société et de répondre à un récent examen mené par PricewaterhouseCoopers.

Dans son dernier examen, l’auditeur a souligné qu’Hexo « (n’avait) pas maintenu, à tous égards importants, un contrôle interne efficace sur ses divulgations financières » et que plusieurs facteurs « (soulevaient) un doute substantiel sur sa capacité à poursuivre son exploitation ».

M. Cooper a dévoilé sa réponse à ces préoccupations, mardi, en présentant un plan intitulé « Le parcours vers l’avenir ».

« Les jours des entreprises de cannabis non rentables sont comptés », a fait valoir M. Cooper lors d’une conférence téléphonique avec des analystes, pendant lequel il a discuté du nouveau plan.

Celui-ci prévoit cinq objectifs : la réduction des coûts de production, la rationalisation de la structure organisationnelle, la réalisation de synergies de coûts grâce aux acquisitions et aux fermetures d’usines, la concentration sur la gestion des revenus, notamment avec une fixation des prix plus rigoureuse, et l’accélération de la croissance grâce à des gains de parts de marché.

Dans le cadre de ce plan, la société a l’intention de remettre l’accent sur le secteur thérapeutique et d’intégrer ses récentes acquisitions Zenabis Global, Redecan et 48North.

Hexo s’attend désormais à trouver des synergies totalisant 50 millions de synergies grâce à ces acquisitions, soit davantage que celles de 35 millions annoncés précédemment.

L’entreprise espère que ces mesures l’aideront à mieux aligner l’offre et la demande – une tâche à laquelle se sont appliquées des sociétés de cannabis comme Aurora Cannabis et Tilray dans la dernière année, dans l’espoir d’atteindre la rentabilité.

Cependant, trouver cet équilibre n’a pas été facile puisque les producteurs de cannabis ont dû faire face à de nouvelles habitudes d’achat chez les consommateurs de cannabis pendant la pandémie.

Ces habitudes sont apparues alors que les entreprises de cannabis poursuivaient leurs efforts pour comprimer le marché illicite en baissant les prix, ce qui a exercé une pression sur leurs marges, tout en améliorant leurs revenus.

Hexo, par exemple, a réalisé un chiffre d’affaires net de 50,2 millions au premier trimestre, par rapport à celui de 29,5 millions du même trimestre l’an dernier.

« Nous pensons que la valeur ajoutée que nous offrons, avec nos produits de haute qualité, signifie davantage pour les consommateurs qu’une course vers les bas prix », a estimé M. Cooper.

« Les entreprises qui réussiront à l’avenir seront celles qui pourront gérer avec succès leurs activités, et pas celles qui n’auront que des parts de marché non rentables. »

Hexo a également annoncé une série de changements au sein de la direction, y compris le départ le 11 mars prochain du directeur financier, Trent MacDonald.

Michael Munzar, président du conseil d’administration de la société, s’est retiré immédiatement de son poste et sera remplacé par John Bell, un ancien membre du conseil d’administration de la société rivale Canopy Growth.

Jackie Fletcher a pour sa part été nommée vice-présidente des sciences et de la technologie.