L’innovation est une cabine insonorisée installée en milieu de travail, offrant aux employés des séances de 25 minutes dans un fauteuil zéro gravité chauffant et massant, de la luminothérapie, une musique relaxante et un filtre à air.

Qui ?

En 2017, un enseignant en éducation physique depuis 12 ans, Éric Normandeau, a une conversation marquante avec sa conjointe, qui travaille dans un bureau du centre-ville de Montréal. « Elle m’a dit : « Je ne sais pas combien je donnerais pour avoir un endroit où me reposer, juste faire une sieste de 15 minutes » », rapporte-t-il. Après des recherches sur les bienfaits de la méditation en milieu de travail, le concept de Recharjme, visant à « créer un environnement pour se recharger, prendre une pause mentale », était né. En 2018, il rencontre son partenaire Timothée Régnier, diplômé en génie industriel, qui deviendra responsable de la stratégie commerciale. L’informaticien Kevin Thackray se joindra ensuite à eux et concevra la plateforme de réservation.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Un des prototypes de la cabine Recharjme installé chez Montréal WeWork

Le produit

La cabine conçue par Recharjme est louée à des organisations à un coût d’environ 25 $ par jour. De l’extérieur, elle ressemble à un photomaton de 2,4 m sur 1,2 m et haut de 2,1 m. À droite, une porte s’ouvre avec un code numérique, et un lecteur de code QR permet d’identifier l’utilisateur qui a réservé une séance de 25 minutes sur l’application mobile. Tout en haut, une lumière passe du vert au rouge pour signaler que la cabine est occupée. Une fois à l’intérieur, la lumière s’ajuste aux demandes de l’utilisateur – éteinte après 30 secondes ou allumée pour la luminothérapie – et on propose de la musique relaxante ou de la méditation assistée. Certains utilisateurs préfèrent prendre leurs propres écouteurs et choisir leur musique. Un fauteuil zéro gravité, massant et chauffant, s’incline. Un système de ventilation assure le renouvellement de l’air toutes les cinq minutes, et un purificateur d’air détruit les virus, bactéries et spores. À la fin de la séance, la lumière se rallume et le fauteuil se redresse. Les utilisateurs doivent nettoyer la cabine avec des lingettes désinfectantes.

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Timothée Régnier montre le fonctionnement de la cabine en mode luminothérapie.

Recharjme a installé une quinzaine de ses cabines, notamment dans 10 hôpitaux de la région de Montréal. Quelque 2500 utilisateurs ont réservé jusqu’à maintenant 10 000 séances. Les résultats, selon le PDG de la petite entreprise, sont plus que concluants.

« Plus de 90 % des utilisateurs se sentent moins stressés et ont plus d’énergie. Il y a des gens qui l’utilisent tous les jours. Si on évite un seul burn-out, ça paie la cabine pour l’année au complet. »

Les défis

Convaincre des organisations, entreprises privées ou hôpitaux des bienfaits d’une sieste ou d’une séance de repos sur les lieux de travail est loin d’être facile. « Souvent, on doit les éduquer sur les bienfaits que ça peut apporter, leur expliquer ce que ça va coûter, ce que ça va rapporter, explique Éric Normandeau. Dormir au bureau, on s’entend que c’était inconcevable il y a deux ans ! Il y a des préjugés sur le fait que les siestes, c’est pour les paresseux. »

À l’origine, Recharjme visait surtout les espaces de bureaux du centre-ville. La COVID-19 est venue changer la donne. « Tous les bureaux ont fermé, on se demandait quoi faire. On a appelé les hôpitaux, un a décidé de l’essayer, et de fil en aiguille, on en a eu dix. Mais notre projet à la base était destiné aux bureaux. » Le PDG voit sa cabine comme une façon de ramener les travailleurs au centre-ville. « Les entreprises veulent attirer les gens, trouver des trucs nouveaux, faire en sorte que le mieux-être soit une priorité. »

L’avenir

Techniquement, on souhaite ajouter l’aromathérapie au cocktail reposant de la cabine. Dans un deuxième temps, ajoute M. Normandeau, on aimerait rendre la cabine plus intelligente : après avoir répondu à quelques questions, l’utilisateur se verrait offrir une expérience sur mesure.

Après les premières implantations, Recharjme doit maintenant passer à la croissance, au Québec mais également en Ontario, où une cabine devrait être installée sous peu. En Europe, « des gens sont intéressés à distribuer le produit », annonce le PDG. « On sait qu’on a un concept qui est complètement innovant, on s’est toujours vu comme une entreprise qui allait exporter à l’international. On a même choisi le nom pour ça. »