(Tokyo) SoftBank Group a annoncé mardi avoir récemment réduit ses parts dans des sociétés cotées, notamment dans de grands groupes américains de la tech, et ralenti ses investissements en Chine face aux « incertitudes » réglementaires dans le pays.

Le géant nippon des investissements dans les nouvelles technologies ne mentionne plus Alphabet (Google), Facebook, Microsoft et Netflix dans son portefeuille d’actions de sociétés cotées au 30 juin, actualisé mardi à l’occasion de ses résultats trimestriels.

Au 31 mars, la valeur (« fair value ») des parts de SoftBank Group dans ces quatre sociétés américaines dépassait 5 milliards de dollars.

Leur omission dans son portefeuille de sociétés cotées – dans lequel figure toujours Amazon en revanche – ne signifie pas nécessairement que le groupe ait vendu la totalité des parts qu’il détenait dans ces entreprises.

Le groupe japonais a créé l’an dernier SB Northstar, une nouvelle entité spéculant sur des sociétés du monde entier déjà cotées en Bourse, avec une forte prédilection pour des valeurs de l’indice NASDAQ à Wall Street.

Mais il compte désormais allouer « en priorité » ses ressources à ses investissements dans des start-up, aussi « nous allons réduire la taille de Northstar pour le moment », a justifié mardi son fondateur et PDG Masayoshi Son lors d’une conférence de presse.

Anguille sous Roche ?

Au vu de l’énorme taille de ses actifs, « il n’est pas surprenant qu’ils (SoftBank Group, NDLR) décident de monétiser une partie de leur portefeuille pour investir dans d’autres actifs promettant des rendements plus élevés » a commenté auprès de l’AFP Justin Tang, analyste chez United First Partners.

« Cela ne veut pas dire qu’ils pensent qu’il y a une bulle des prix » sur le NASDAQ, selon cet analyste.

SoftBank Group est resté muet sur Roche, alors que la semaine dernière plusieurs médias ont annoncé qu’il aurait récemment bâti une participation de 5 milliards de dollars dans le géant pharmaceutique suisse.

Le groupe a dit avoir freiné ces derniers mois ses investissements dans des sociétés technologiques chinoises, sur fond du nouveau tour de vis réglementaire de Pékin.

Et il va continuer à adopter une attitude « prudente » et « attentiste » en Chine, a déclaré son PDG, selon lequel il faudra peut-être « 1 à 2 ans » avant que le cadre réglementaire dans le pays devienne « plus clair ».

Au premier trimestre de son exercice 2021-2022 (avril-juin), SoftBank Group a accusé une chute de 39,4 % sur un an de son bénéfice net au premier trimestre de son exercice 2021/2022 (avril-juin), à 761,5 milliards de yens (5,9 milliards d’euros).

Ce recul marqué s’explique principalement par un important gain exceptionnel de SoftBank Group un an plus tôt, lié à la cession de la majeure partie de sa participation dans l’opérateur de télécoms américain T-Mobile.

Pas de rachats d’actions

Ses gains sur investissements entre avril et fin juin ont néanmoins bondi de 28,5 % sur un an, totalisant 1263,1 milliards de yens (9,75 milliards d’euros).

Le groupe a notamment profité de l’entrée à la Bourse de New York du géant chinois du VTC Didi Chuxing au dernier jour de son trimestre (le 30 juin). Il a aussi vendu à profit des parts dans les entreprises américaines Doordash et Uber.

En 2020-2021, SoftBank Group avait réalisé un bénéfice net mirobolant de 4988 milliards de yens (37,8 milliards d’euros), un record historique pour une entreprise japonaise.

Il avait profité à plein de l’éclatant rebond des valeurs technologiques après le choc initial de la pandémie, stimulé notamment par les flots de liquidités injectées dans les marchés par les Banques centrales.

Bien conscients du caractère exceptionnel de l’exercice 2020/21, les investisseurs ont boudé son titre, qui a perdu plus de 30 % de sa valeur ces trois derniers mois.

Cette chute était aussi liée à l’absence d’un nouveau programme massif de rachat d’actions par SoftBank Group, qui n’a pas non plus annoncé mardi un nouveau plan de la sorte.

Comme d’habitude, le groupe n’a pas livré de prévisions annuelles, son modèle d’activité étant de plus en plus dépendant de la dynamique des marchés boursiers.

L’offensive réglementaire de Pékin sur la tech chinoise devrait peser sur son deuxième trimestre. Le titre de Didi Chuxing a notamment fondu depuis son introduction à la Bourse de New York.