Alimentation Couche-Tard permettra à ses actionnaires de voter sur la rémunération des cinq principaux dirigeants de l'entreprise, mais pas avant l'année prochaine.

Alain Bouchard, fondateur de la chaîne de dépanneurs établie à Laval, a pris cet engagement jeudi, à l'occasion de l'assemblée annuelle des actionnaires de l'entreprise, avant qu'un actionnaire ne retire une proposition visant à mettre en oeuvre un tel vote.

Ces votes non contraignants des actionnaires sont déjà autorisés par plusieurs entreprises. Cette mesure a pris de l'importance dans la foulée de la plus récente crise financière, avec des changements qui ont obligé les sociétés inscrites à la Bourse aux États-Unis à inclure une résolution approuvant la rémunération des dirigeants.

Selon Kevin Thomas, directeur général de la Shareholder Association for Research and Education, les votes sur la rémunération sont un mécanisme de responsabilisation clé et l'adoption de ce processus chez Couche-Tard constitue un «développement fantastique».

M. Thomas fait valoir que les votes peuvent aider à limiter les salaires trop généreux des chefs de la direction et dissuader les conseils d'administration de distribuer des récompenses inconditionnelles aux dirigeants «où la compagnie récompense essentiellement la direction simplement pour sa présence».

«Il y a beaucoup trop de pratiques qui ne visent que les poches des dirigeants.»

La complaisance vis-à-vis du vote sur la rémunération provient de certaines «sociétés contrôlées par une famille ou étroitement contrôlées», a-t-il observé.

«Certains conseils peuvent être trop captivés par leur chef de la direction, ils sont charmés par eux. Certains pourraient penser qu'ils peuvent les perdre», a ajouté M. Thomas. «Et certains pourraient penser qu'il existe un avantage concurrentiel de payer leur chef de la direction mieux que quiconque.»

Au cours des dix dernières années, l'association de M. Thomas s'efforce de faire du vote annuel sur la rémunération une exigence réglementaire au Canada, comme c'est le cas aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et dans certains pays européens.

Selon M. Thomas, la plupart des sociétés comprises dans l'indice S&P/TSX 60 ont adopté ce vote annuel, et, au total, plus de 180 sociétés publiques au pays l'ont fait.

Kingsdale Advisors, une entreprise de services aux actionnaires, observe une tendance à la hausse à ce sujet, et note que 157 entreprises avaient adopté la pratique en 2015, contre seulement 28 en 2010.

La Commission des valeurs mobilières de l'Ontario, qui surveille l'évolution de la situation dans d'autres pays, a affirmé que c'était la responsabilité première du conseil et de son comité de rémunération des dirigeants de veiller à ce que les pratiques salariales favorisent la valeur à long terme pour les actionnaires.