Après avoir traversé de sévères turbulences en 2015, le ciel semble s'éclaircir pour Bombardier, qui vient d'engranger son profit ajusté le plus élevé en deux ans.

Le constructeur d'avions et de trains a réalisé un bénéfice ajusté de 39 millions $ US, ou deux cents US par action, au deuxième trimestre. Il s'agit de son meilleur résultat à ce chapitre depuis le deuxième trimestre de 2015.

«Nous avons connu une solide première moitié d'année (...) et nous sommes confiants d'atteindre nos objectifs», a affirmé vendredi le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, au cours d'une conférence téléphonique.

En tenant compte d'une charge de 287 millions $ US liée principalement au versement d'indemnités de départ en Europe, l'entreprise a perdu 296 millions $ US, ou 13 cents US par action. À la même période l'an dernier, sa perte nette avait été de 490 millions $ US, ou 24 cents US par action.

Pour le trimestre terminé le 30 juin, les revenus ont fléchi de cinq %, à 4,09 milliards $ US, principalement en raison d'une baisse de la cadence de production dans le secteur des avions d'affaires.

En dépassant les attentes des analystes, Bombardier a vu son action décoller à la Bourse de Toronto. En avant-midi, elle se négociait à 2,54 $, en hausse 13 cents, ou 5,39 %.

Citant sa performance, l'avionneur anticipe un bénéfice avant impôts, intérêts et amortissement qui devrait se situer dans le haut de sa fourchette de 580 millions $ US à 630 millions $ US.

«Nous croyons que la confiance des investisseurs continuera de s'accroître à l'endroit de la direction puisqu'elle est en mesure d'atteindre ses cibles», a souligné l'analyste Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux.

Bombardier a utilisé 570 millions $ US de ses liquidités au cours du deuxième trimestre, alors que plusieurs analystes s'attendaient plutôt à ce que l'entreprise utilise environ 640 millions $ US de ses flux de trésorerie disponibles.

En poste depuis 2015, M. Bellemare a mis de l'avant un plan de redressement qui s'est traduit par des milliers de licenciements à travers le monde. Bombardier a également reçu 1 milliard $ US du gouvernement Couillard pour une participation dans la CSeries en plus de vendre 30 % de sa division ferroviaire à la Caisse de dépôt et placement du Québec pour 1,5 milliard $ US.

D'ici 2020, la société veut entre autres atteindre le seuil de rentabilité de la production des avions CSeries et augmenter ses recettes à 25 milliards $ US.

CSeries: des commandes qui se font attendre

Bombardier a livré six CSeries au cours du trimestre et 16 depuis un peu plus d'un an. L'entreprise anticipe toujours remettre environ 30 CSeries à ses clients d'ici la fin de l'année. Les livraisons devraient s'accélérer au quatrième trimestre.

Mais les commandes significatives se font attendre depuis celles de 75 CS100 annoncées par Delta l'an dernier, ce qui a incité plusieurs analystes à interroger M. Bellemare, qui s'est défendu.

Selon lui, les compagnies aériennes évaluent comment l'appareil de 100 à 150 sièges peut être déployé sur des liaisons qui ne conviennent pas à des jets régionaux ou des appareils plus spacieux comme le Boeing 737 ou le Airbus A320.

«Plusieurs se demandent comment améliorer leur réseau en ayant recours à cet appareil unique», a-t-il dit, ajoutant que l'intérêt à l'égard de la CSeries atteignait des sommets depuis son arrivée aux commandes de l'entreprise.

Si Bombardier prévient dans ses documents financiers que sa dispute commerciale avec Boeing à propos de la CSeries aux États-Unis pourrait «nuire au programme de manière considérable», son grand patron a minimisé les impacts.

Il s'agit d'un long processus, a expliqué M. Bellemare, rappelant au passage que Boeing ne rivalisait pas avec Bombardier pour décrocher la commande de Delta l'an dernier.

«En tant que dirigeants responsables, nous prévoyons des plans de contingence, a-t-il dit. Mais pour le moment, nous sommes concentrés sur la dispute en cours.»

Le grand patron de la multinationale a par ailleurs dévié toutes les questions à propos des rumeurs selon lesquelles Bombardier et le géant allemand Siemens négocieraient pour regrouper leurs activités de matériel roulant pour mieux concurrencer le géant chinois CRRC.

M. Bellemare a toutefois affirmé que la société avait «plusieurs options» devant elle pour participer «de façon proactive» à la consolidation de l'industrie ferroviaire.

Bombardier a par ailleurs révélé que Sheila Fraser avait démissionné du conseil d'administration de la société, citant des raisons personnelles.