Boeing va livrer plus d'avions en 2017 comparé à 2016 après des résultats annuels solides, marqués néanmoins par une nouvelle charge liée à l'avion ravitailleur KC-46, seul programme militaire américain majeur décroché par l'avionneur pour les prochaines années.

Le groupe de Chicago envisage de livrer entre 760 et 765 avions aux compagnies aériennes, soit au moins 12 avions de plus qu'en 2016 (748 avions), ce qui reflète la montée en puissance du 737 MAX dont la nouvelle version

Les livraisons sont un baromètre de la santé financière d'un groupe aéronautique car les compagnies aériennes règlent traditionnellement quand elles prennent possession de l'appareil.

Elles ont pris beaucoup d'importance lors des dernières années parce que Boeing et son rival Airbus disposent de carnets de commandes garnis, ce qui suscite des interrogations sur leurs capacités à honorer leur calendrier de livraisons respectif d'autant que certains fournisseurs ont du mal à suivre la hausse des cadences de production.

La valeur du carnet de commandes de Boeing représentait 416 milliards de dollars au prix catalogue au 31 décembre pour 5700 avions à produire, contre 5795 à la fin 2015, soit une baisse de 95 appareils.

Pour 2017, Boeing table sur un chiffre d'affaires compris entre 90,5 et 92,5 milliards de dollars et un bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, de 9,10 à 9,30 dollars. Les analystes financiers attendent un chiffre d'affaires aux alentours de 93,09 milliards de dollars et un bénéfice par action à 9,31 dollars en moyenne.

Explosion des coûts pour le KC-46

Cette baisse du chiffre d'affaires est due au fait que Boeing a ralenti le rythme de production du long courrier 777, qui va être remplacé par le 777X, plus économe en kérosène et équipé de technologies dernier cri.

Lors de l'année écoulée, Boeing a dégagé un bénéfice net de 4,89 milliards de dollars, en baisse de 5,42%, pour un chiffre d'affaires de 94,57 milliards (-1,6%).

Au quatrième trimestre, le résultat net s'est élevé à 1,63 milliard de dollars, en hausse de 59% sur un an, pour un chiffre d'affaires de 23,3 milliards (-1,2%).

La division aviation civile (BCA), 68,8% du chiffre d'affaires, a enregistré une petite baisse de ses revenus en 2016 à 65,07 milliards de dollars (-1,48%) et sa marge s'est fortement érodée à 4,8% contre 7,8% en 2015.

Quant à la branche militaire (BDS), 31% du chiffre d'affaires, ses recettes ont certes encore diminué de 3% mais en 2017 elle pourrait bénéficier de la vente à l'international des avions de combat F-15 et F/A-18 et des hélicoptères Chinook et Apache, après le feu vert récent du département d'État, a indiqué mercredi Boeing.

L'avion ravitailleur KC-46, dont les coûts ont explosé et dépassent de plus de 40% le budget initial, continue, lui, de faire des dégâts. Boeing a inscrit de nouvelles charges dans ses comptes au quatrième trimestre 2016 d'un montant total de 312 millions de dollars avant impôts liées à cet avion, portant la facture des charges à plus de 2 milliards de dollars.

Cet avion-citerne, version militaire de l'avion de ligne 767, est affecté par des problèmes liés à sa conception et à sa production, ce qui a retardé ses livraisons, dont la première à l'armée de l'Air américaine est prévue désormais en août.

Boeing a signé un contrat de 2,8 milliards de dollars avec le Pentagone pour lui en livrer 18 exemplaires, avec l'objectif à terme de lui en vendre 179 exemplaires.

Cette nouvelle charge, la dernière d'une longue série, tombe au moment où le nouveau président américain Donald Trump a critiqué les coûts de production du futur avion présidentiel américain fabriqué par Boeing sur la base du 747 et a demandé une livraison au prix le plus abordable possible.

Air Force One, qui ne porte ce nom que quand le président est à bord, permet au président américain d'exercer toutes les prérogatives de son mandat pendant qu'il est dans les airs, y compris déclencher une frappe nucléaire.