Le conglomérat industriel General Electric (GE) est resté muet vendredi sur l'état de la croissance américaine, après avoir annoncé des résultats 2016 contrastés au moment où Donald Trump prend le pouvoir.

« En 2017, nous allons continuer à investir dans l'internet lié à l'industrie pour permettre à nos clients d'engranger des gains de productivité », s'est contenté de dire vendredi le PDG Jeff Immelt.

Cette sobriété du dirigeant, proche du parti républicain, contraste avec l'optimisme affiché il y a un mois lorsqu'il avait été interrogé par des analystes sur la conjoncture dans la perspective d'une administration Trump.

GE est considéré comme un des baromètres de l'économie américaine en raison de la large palette de ses activités qui vont de l'aéronautique à l'énergie en passant par la pharmacie, la finance et les nouvelles technologies. Il est par conséquent dépendant de la robustesse de la croissance aussi bien américaine que mondiale.

En 2016, le cofabricant du moteur d'avion de nouvelle génération Leap est repassé dans le vert, dégageant un bénéfice net de 8,2 milliards de dollars, contre une perte nette de 6,14 milliards en 2015.

Toutefois, le résultat net a chuté de 44,5 % à 3,5 milliards de dollars au quatrième trimestre, période reflétant la santé de l'activité récente.

Dégâts continus du pétrole

Le chiffre d'affaires a été plombé par les opérations dans les ressources naturelles, notamment la division pétrole et gaz, qui développe des équipements destinés au forage de puits pétroliers, à la prospection et la production d'hydrocarbures et à la construction de plateformes.

Il est inférieur aux attentes aussi bien sur l'ensemble de l'exercice 2016 (123,7 milliards de dollars, en hausse de 5,4 % sur un an) que lors des trois derniers mois (33,1 milliards, en baisse de 2,37 %). Les investisseurs anticipaient respectivement 124,33 milliards et 33,63 milliards.

La branche des services pétroliers et gaziers, déprimée par des prix bas du brut, ne représente plus que 10,4 % du chiffre d'affaires à fin 2016 contre un peu plus de 14 % en 2015. Son chiffre d'affaires a chuté de 21,6 % en un an, tandis que son bénéfice opérationnel a plongé de 43 %, contre -30 % anticipé seulement par GE.

Pour arrêter l'hémorragie, le groupe a annoncé fin octobre fusionner cette activité avec celle de son compatriote Baker Hughes afin de créer un géant mondial du secteur pesant 32 milliards de dollars de chiffre d'affaires.

La nouvelle entité sera en meilleure position dans ses négociations commerciales avec les groupes pétroliers, qui font pression sur leurs sous-traitants afin d'obtenir de forts rabais.

GE prévoit des synergies de coûts de l'ordre de 1,6 milliard de dollars d'ici à 2020 grâce à ce rapprochement et espère que l'opération lui permettra d'augmenter son bénéfice par action de 4 cents dès 2018 et de 8 cents d'ici à 2020.

Seul hic, la transaction doit encore recevoir le feu vert des autorités de la concurrence, qui ont bloqué il y a peu un mariage envisagé entre Baker Hughes et le rival Halliburton.

GE peut toujours compter sur le secteur aéronautique dont les recettes et les bénéfices ont progressé de respectivement 6 et 11 %, de sorte que cette activité représente désormais 21,2 % du chiffre d'affaires.

Cette croissance n'a pas pour autant dopé le carnet de commandes, qui était de 321 milliards de dollars (+1,9 %) fin 2016, tandis que les ordres de commandes ont progressé de 4 %, malgré l'intégration du pôle énergie du fleuron industriel français Alstom.

Ce tableau mitigé est de nature à relancer le débat sur le pari de Jeff Immelt de recentrer GE sur ses racines industrielles : fabrication des turbines à gaz, centrales électriques, moteurs d'avions, équipements médicaux.

À Wall Street, le titre GE reculait de 1,22 % à 30,83 dollars vers 7 h 50 dans les échanges électroniques précédant l'ouverture de la séance.