La Banque Royale commence à observer des signes avant-coureurs de problèmes dans ses activités de prêts aux consommateurs en Alberta, où le choc des prix du pétrole a entraîné une augmentation du chômage.

«Nous avons remarqué une légère - et j'insiste sur le mot légère - tendance à la hausse dans les défaillances de prêts automobile et de cartes de crédit en Alberta, et même si ces éléments n'ont pas encore entraîné de radiations, nous surveillons la performance de ces portefeuilles», a affirmé le chef du risque de la banque, Mark Hughes.

Selon lui, le taux de défaillance sur les prêts - lorsque les emprunteurs ratent un paiement - est plus élevé dans les communautés de la province qui sont le plus exposées au secteur de l'énergie.

La Royale a en outre ajouté huit nouvelles entreprises à sa liste de surveillance du secteur de l'énergie. Les prêts au secteur du pétrole et du gaz naturel représentent 1,6 pour cent du portefeuille total de prêts de la banque.

«Dans l'ensemble, notre portefeuille performe comme prévu et nous continuons à travailler en étroite collaboration avec nos clients pour les aider à traverser cette période prolongée de faiblesse des prix du pétrole», a expliqué M. Hughes au sujet des prêts commerciaux aux pétrolières.

La Banque Royale a affiché mercredi un bénéfice net de 2,59 milliards $ pour son quatrième trimestre, clos le 31 octobre, ce qui représentait une augmentation de 11 pour cent par rapport à celui de l'an dernier, qui s'était chiffré à 2,33 milliards $. Le bénéfice par action a atteint 1,74 $, ce qui était supérieur aux attentes des analystes et à celui de 1,57 $ de la même période l'an dernier.

Sur l'ensemble de l'année, la banque a engrangé un bénéfice record de 10,03 milliards $.

Ces résultats surviennent dans un contexte où certains analystes s'inquiétaient de voir la faiblesse de l'économie nationale, le déclin soutenu des prix du pétrole et le ralentissement des prêts à la consommation nuire aux profits des grandes banques canadiennes.

L'analyste John Aiken a souligné que le meilleur résultat que prévu de la Banque Royale était attribuable en partie à un ajustement fiscal favorable.

«Après normalisation, il semble que les services bancaires de détail et les activités des marchés des capitaux ont connu certaines difficultés, même si elles n'étaient pas nécessairement inattendues», a expliqué M. Aiken dans une note de recherche. «Conséquemment, nous croyons que les résultats du quatrième trimestre de la Banque Royale ont généralement respecté les attentes.»

Par ailleurs, la banque a éliminé 528 postes à temps plein au sein de sa main-d'oeuvre - essentiellement en ne remplaçant pas les travailleurs qui ont démissionné ou qui ont pris leur retraite.

La gestion des coûts est devenue un sujet dominant chez toutes les grandes banques du pays, qui cherchent à augmenter leurs bénéfices malgré l'affaiblissement des conditions économiques, qui complique la croissance des revenus. Une solution préconisée est la numérisation de certaines tâches d'arrière-guichet, comme le traitement de document, ce qui permet d'avoir recours à un moins grand nombre d'employés.

«Nous continuons à investir dans nos canaux numériques (...) et aussi à investir dans l'automatisation et la simplification de nos procédures», a expliqué la directrice financière de la Royale, Janice Fukakusa, lors de la conférence téléphonique organisée par la banque pour discuter de ses résultats trimestriels.

Le bénéfice du quatrième trimestre de la Royale était largement attribuable à ses activités sur les marchés des capitaux, qui ont vu leur propre bénéfice net augmenter de 38 pour cent à 555 millions $.

Entre-temps, les profits des activités canadiennes de la Royale sont restés relativement stables à 1,23 milliard $.

Les activités bancaires de la Banque Royale dans les Caraïbes et aux États-Unis ont dégagé des profits, par rapport à des pertes l'an dernier, mais le bénéfice a reculé pour ce qui est des activités de gestion du patrimoine, d'assurances et de services de trésorerie.

Les revenus totaux ont atteint 8,02 milliards $, en baisse par rapport à ceux de 8,34 milliards $ du quatrième trimestre de l'exercice 2014.

«Même si la Royale continue à ne pas se montrer immédiatement inquiète au sujet du crédit, la croissance restera un défi en 2016», a estimé M. Aiken.