Le Club Méditerranée est resté dans le rouge en 2014, affecté par la crise en Europe et les troubles en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Mais le groupe, objet d'une interminable bataille d'OPA, se veut optimiste pour 2015.

L'exercice 2013-2014 s'est clos fin octobre sur une perte nette part du groupe de 12 millions d'euros alors que les analystes attendaient un résultat positif.

L'activité a progressé en Amérique (États-Unis, Brésil, Canada) et en Asie, mais le spécialiste des villages haut de gamme a cumulé les difficultés sur la zone Europe-Afrique. Il a notamment dû fermer ses villages en Tunisie et en Égypte et le propriétaire de son tout nouveau village de Belek en Turquie s'est déclaré en faillite, entraînant la non-exploitation du site.

Le chiffre d'affaires a reculé de 1,9 % à 1,38 milliard d'euros, avec des capacités d'accueil en baisse de 2,1 %, mais le nombre de clients est resté stable, à 1,23 million grâce à 20 000 nouveaux clients chinois.

Club Med a accueilli 126 000 Chinois en 2014 et cible toujours les 200 000 d'ici fin 2015. Cette clientèle a compensé en 2014 la baisse du nombre de Français qui ne représentent plus que 36 % du total, contre 35 % de clients de «pays à croissance rapide» (Chine, Brésil, Russie, Afrique du Sud...).

La rentabilité opérationnelle s'est maintenue, assurée aux trois quarts par la zone Asie, avec une marge globale en légère hausse à 8,6 % (8,4 % un an plus tôt).

Dans un «environnement difficile», Club Med argue de la «pertinence» de sa double stratégie de montée en gamme et d'internationalisation, vers la Chine en premier lieu, pour gagner des clients à fort pouvoir d'achat.

En une décennie, le groupe a divisé par deux son parc et n'a plus que des villages 3 Tridents et plus. Il exploite 66 sites et les 4 et 5 Tridents (haut de gamme) accueillent 73,2 % des clients.

Le groupe n'évoque aucun dividende pour ses actionnaires, qui en sont privés depuis dix ans, et explique sa nouvelle perte nette par les coûts liés aux fermetures de villages, qui ont coûté 75 millions d'euros sur trois ans.

Mais «ces montants sont désormais derrière nous. On n'a pas prévu de fermetures en 2015», et la dette nette a été divisée par deux à 63 millions d'euros, a déclaré le directeur financier Michel Wolfovski lors d'une conférence téléphonique.

Club Med table ainsi sur un retour à un bénéfice net en 2015... pour autant que l'environnement ne se «dégrade» pas davantage. Car «l'année 2015 s'annonce contrastée», a reconnu M. Wolfovski.

Les réservations en cumulé pour l'hiver sont en hausse de 2,7 % au niveau mondial. Mais elles ont plongé de 18,8 % en Europe-Afrique au cours des huit dernières semaines à cause du «contexte géopolitique et sanitaire». La peur du virus Ebola a fait chuter de moitié les prises de commandes au Sénégal. Le Maroc est pénalisé lui aussi.

Le groupe a vigoureusement défendu sa stratégie, critiquée par l'Italien Andrea Bonomi et ses alliés dont le fonds américain KKR.

Ces derniers bataillent pour remporter Club Med par OPA et prônent plus de villages 3 Tridents (moyenne gamme), plus d'accent sur la France, moins sur la Chine et un meilleur équilibre entre les continents.

Ils s'opposent au conglomérat chinois Fosun qui veut poursuivre avec la direction du Club Med la stratégie en cours et a jusqu'à lundi soir pour surenchérir sur les 23 euros par action proposés par le camp Bonomi.

Pour le directeur financier, si Club Med a «résisté» en 2014, c'est «grâce à sa stratégie d'internationalisation», en s'appuyant sur «ses deux relais de croissance en Asie et en Amérique pour compenser la baisse d'activité en Europe-Afrique».

Le résultat d'exploitation des villages a baissé de près de 5 % à 53 millions d'euros. Mais la zone Asie a tiré les résultats, et les villages haut de gamme 4 et 5 Tridents sont deux fois plus rentables, fait valoir Club Med.

Le groupe a annoncé avoir posé la première pierre d'un quatrième village en Chine, près de Pékin, qui sera exploité sous la marque «By Club Med», et l'ouverture prévue d'un cinquième village au second semestre 2016 dans la station de ski de Beidahu, avec le groupe Qiaoshan.

En France, il inaugurera mi-décembre son nouveau club de Val Thorens, qui cible les riches étrangers. Les réservations sont très positives «avec 20 nationalités différentes» dont des centaines de Brésiliens.

Une cinquantaine de villas de luxe ouvriront aussi en janvier aux Maldives.

La bataille d'OPA «retarde un certain nombre de projets de développement», a déploré M. Wolfovski, dont un club à Cefalu (Italie). Idem pour Buzios au Brésil et un village ski en Amérique du Nord, renvoyés à 2017.