Ce n'est pas demain la veille que des matchs du Canadien de Montréal seront diffusés sur un réseau généraliste francophone comme TVA, selon le président et chef de la direction du Groupe TVA (T.TVA.B), Pierre Dion.

En marge de l'assemblée annuelle des actionnaires de la société, mardi, à Montréal, il a expliqué que cette décision visait entre autres à générer davantage d'intérêt à l'endroit de la chaîne spécialisée TVA Sports.

«On veut donner une valeur ajoutée aux abonnés de cette chaîne, a précisé M. Dion. Par contre, il n'est pas dit qu'on ne fera pas d'autres matchs de la LNH, en séries éliminatoires, entre autres, sur le réseau TVA.»

À compter du 1er juillet, c'est TVA Sports qui deviendra le diffuseur francophone officiel de la Ligue nationale de hockey en vertu de l'entente, en partenariat avec Rogers, de 5,2 milliards $ sur 12 ans annoncée en novembre dernier.

Cela permettra notamment à la chaîne sportive du Groupe TVA - qui comptait quelque 1,7 million d'abonnés au 31 décembre - de diffuser au moins 22 matchs nationaux de saison régulière du Tricolore en plus des séries éliminatoires.

M. Dion s'attend par ailleurs à ce que l'entrée en vigueur de la nouvelle entente avec la LNH, ainsi que le début de la Coupe du monde de soccer, le mois prochain, permettent à TVA Sports, en ondes depuis trois ans, de dépasser les 2 millions d'abonnés dès l'automne.

«Je pense que ça serait un objectif raisonnable», a-t-il dit aux journalistes au cours d'un entretien.

Malgré un nombre d'abonnés en progression, le pdg du Groupe TVA ne s'en cache pas: il faudra un peu plus de temps à TVA Sports, comparativement à d'autres chaînes spécialisées, avant de revenir rentable.

«Le retour sur investissement est généralement de cinq ans pour une chaîne spécialisée, mais TVA Sports est une décision stratégique à plus long terme qu'une chaîne spécialisée normale», a dit aux actionnaires M. Dion.

La première année en ondes de TVA Sports s'était notamment soldée par une perte d'environ 20 millions $.

Transition: pas d'échéancier

M. Dion, qui a été nommé à la tête du conglomérat Québecor (TSX:QBR.B) la semaine dernière à la suite du départ de Robert Dépatie pour des raisons de santé, a également affirmé qu'il n'y avait pas de date butoir pour lui trouver un successeur au Groupe TVA.

«On va prendre le temps de bien faire les choses, s'est-il contenté de dire. Je ne rentrerai pas dans les détails du processus, c'est le conseil d'administration qui va décider de la relève.»

Le pdg du Groupe TVA a également refusé de commenter les propos de l'ex-dirigeant de Québecor et député péquiste Pierre Karl Péladeau, qui, malgré ses prises de bec avec Radio-Canada dans le passé, s'est montré préoccupé par les compressions budgétaires qui affectent le diffuseur public.

«Pierre Karl a décidé de se lancer en politique, c'est une décision qu'on respecte, a simplement affirmé M. Dion. Je n'ai pas à commenter ses propos.»

Pression sur les revenus

Affecté par des revenus publicitaires à la baisse dans son secteur de la télévision, le Groupe TVA a connu un premier trimestre difficile en encaissant une perte nette attribuable aux actionnaires de 10,2 millions $ ou 43 cents par action.

Il s'agit d'une hausse de 73 pour cent de la perte nette, qui avait été, à la même période en 2013, de 5,9 millions $ ou 25 cents par action. Ses revenus trimestriels ont régressé de 5,5 pour cent, passant de 111,1 millions $ à 105,3 millions $ au premier trimestre de 2014.

Pour la période terminée le 31 mars dernier, sur une base ajustée, la perte d'exploitation du Groupe TVA a été de 6 millions $, comparativement à un bénéfice d'exploitation de 895 000 $ en 2013.

La perte de son secteur de la télévision a été de 8,2 millions $, notamment en raison de la baisse du bénéfice d'exploitation ajusté du Réseau TVA découlant de l'effet combiné de la baisse de 5,8 pour cent des revenus publicitaires et des investissements accrus dans les coûts de contenu.

M. Dion a fait valoir que les parts de marché totales du secteur de la télévision sont demeurées stables, à 32,8 parts au premier trimestre, par rapport à 32,7 parts à la même période l'an dernier.

Malgré la concurrence de plus en plus féroce de Netflix, Amazon et Google, notamment, les revenus d'abonnements des canaux spécialisés ont poursuivi leur progression, qui a été de 8,2 pour cent au premier trimestre.

Le secteur de l'édition a connu un meilleur trimestre avec un bénéfice d'exploitation de 2,2 millions $, qui s'explique principalement par l'ajout des résultats d'exploitation du magazine «La Semaine», acquis le 18 juillet 2013.

L'action du Groupe TVA a avancé mardi d'un cent à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 8,91 $.