Jean St-Gelais qui était depuis un an le PDG de l'Agence québécoise du revenu deviendra sous peu le secrétaire général et greffier du Conseil exécutif, ce qui en fera le grand patron de toute la fonction publique québécoise. Un rôle qu'il connait bien puisqu'il l'a déjà joué et un rôle qu'il accepte parce qu'il a le sens du devoir.

Jean St-Gelais ne sera pas dépassé par ses nouvelles fonctions de numéro deux du gouvernement québécois pas plus qu'il ne sera dépaysé puisqu'il avait été appelé par le premier ministre Bernard Landry à occuper le même poste de 2001 à 2003.

«Jean avait été mon sous-ministre aux Finances et quand je suis devenu premier ministre je l'ai amené avec moi pour qu'il devienne Secrétaire général. Il incarne la compétence, l'intelligence et l'intégrité.

«C'est un gars de finance mais avec un horizon large. Il a un grand sens du devoir et il est totalement dévoué à l'avenir du Québec», résume Bernard Landry qui a lancé un retentissant «formidable» quand je lui ai annoncé la nomination de M. St-Gelais.

Après avoir décroché un bac en sciences économiques à l'Université Laval et une maîtrise en économie à l'Université Queen's, Jean St-Gelais a travaillé deux ans à la Banque du Canada avant de se joindre en 1985 au ministère des Finances à Québec où il occupera différentes fonctions avant de devenir sous-ministre puis secrétaire général en 2001.

Avec l'élection du gouvernement libéral en 2003, Jean St-Gelais prend la direction de l'Autorité des marchés financiers, l'agence d'encadrement des marchés financiers qui va être créée en 2004 et qui fusionne cinq organismes dont la Commission des valeurs mobilières du Québec.

L'AMF débute à peine son existence lorsque le Québec est frappé par les pires fraudes financières de son histoire. Le scandale Norbourg qui éclate en août 2005 fait mal paraître l'AMF qui n'a pas correctement interprété les signaux annonçant la fraude et qui été lente à réagir. Plus de 9 000 épargnants-investisseurs ont perdu 130 millions.

Quelques mois plus tard, en novembre 2005, c'est le scandale Mount Real qui prend forme et où 1 600 épargnants vont là aussi perdre 130 millions.

«Jean St-Gelais ne l'a pas eu facile. Ça été un méchant début de mandat avec les scandales Norbourg et Mount Real. L'AMF était sous-équipée pour faire face à la musique. Jean a monté une organisation et moi j'ai été chanceux de prendre sa relève en 2011 lorsqu'il est parti pour créer l'Agence québécoise du revenu», explique Mario Albert, le nouveau PDG de l'AMF.

En 2005, l'AMF était une jeune organisation qui comptait sur une équipe d'une quarantaine d'enquêteurs seulement. Plus de 120 personnes sont aujourd'hui affectées à enquêter, à déceler et à prévenir les fraudes.

«Jean St-Gelais a vraiment instauré un modèle plus judiciaire qu'administratif. On ne fait plus d'ententes administratives comme en fait toujours la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario. Quand on estime qu'il y a infraction on poursuit les fautifs devant les tribunaux», constate Sylvain Théberge, directeur des communications de l'AMF.

Mario Albert a côtoyé Jean St-Gelais durant des années au ministère des Finances et à l'Autorité des marchés financiers. Il n'est pas surpris qu'il ait accepté l'invitation de Pauline Marois à remplir le poste de secrétaire général.

«Jean St-Gelais est un homme qui aime les défis. Il a un grand sens du devoir. Il répond présent», souligne Mario Albert.

De 2010 à aujourd'hui, Jean St-Gelais a mis sur pied et présidé la nouvelle Agence du revenu du Québec où il a mis l'évasion fiscale au centre de sa stratégie d'intervention. Ce qui a permis à Revenu Québec de récupérer 3 milliards d'impôts impayés en 2011-2012.Pour l'an prochain, Jean St-Gelais a fixé à 3,6 milliards le total des recouvrements d'impôts non payés, un objectif qu'il jugeait tout à fait atteignable.

Lorsqu'on lui demande pourquoi il a accepté la proposition de Mme Marois de devenir le grand chef de la fonction publique québécoise, Jean St-Gelais hésite à répondre. Le décret annonçant sa nomination officielle n'a pas été encore adopté mais il accepte de se confier quand même.

«C'est un privilège de servir le premier ministre et de travailler en équipe avec tous les sous-ministres. Mon rôle est de m'assurer que les décisions politiques du premier ministre et du gouvernement soient bien exécutées à tous les niveaux de l'appareil gouvernemental», résume Jean St-Gelais, entre deux réunions où il ferme des dossiers pour en ouvrir de nouveaux.

Le nouveau secrétaire général du conseil exécutif avoue qu'il aime quand les choses bougent et il n'est pas inquiet de la longévité du prochain gouvernement péquiste minoritaire.

«Je vais continuer à servir le gouvernement après dans la fonction qu'on voudra bien me donner. C'est ce que je fais depuis 1985 et j'ai toujours été admirablement traité par tous les gouvernements, peu importe le parti politique au pouvoir», explique celui pour qui le devoir a un sens véritable.