Un actionnaire torontois de Gildan augmente la pression sur le conseil d’administration du fabricant montréalais de vêtements en l’implorant de convoquer une assemblée sans tarder pour tenir un vote sur le retour de Glenn Chamandy au poste de PDG et la reconstitution du conseil.

Dans une lettre ouverte au conseil d’administration de Gildan publiée lundi, le gestionnaire d’actifs Turtle Creek dit aux administrateurs qu’ils n’ont pas le droit d’empêcher les actionnaires de voter pour ceux qu’ils souhaitent voir les représenter.

« Tenez l’assemblée des actionnaires de Gildan, comme vous êtes tenu de le faire en vertu de la loi, afin de permettre aux actionnaires de voter sur la composition du conseil d’administration », est-il mentionné dans la missive appuyant la demande d’assemblée faite plus tôt ce mois-ci par l’actionnaire américain Browning West.

Cette lettre est publiée après que le conseil de Gildan a accusé Browning West, la veille, d’avoir accumulé illégalement des actions de Gildan, minant ainsi la légitimité de cet actionnaire à demander la tenue d’une assemblée extraordinaire des actionnaires. Browning West a réfuté les accusations du C. A. de Gildan en soulignant que la loi Hart-Scott-Rodino n’a pas été violée, car l’entité détenant les actions de Gildan n’est pas constituée aux États-Unis et que Gildan n’est pas une société ayant son siège social aux États-Unis.

Turtle Creek soutient que la campagne de relations publiques menée par le conseil de Gildan est « destructrice », faite de « déductions et d’insinuations », et « est franchement embarrassante pour l’entreprise et pour chacun des membres du conseil ».

« Il est encore temps de changer de cap et de préserver votre réputation professionnelle. Ne laissez pas vos conseillers vous pousser à vous engager dans une bataille de procurations laide et coûteuse que vous avez peu de chances de remporter », lit-on dans le document.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Glenn Chamandy

Glenn Chamandy a été destitué de son poste de PDG le 10 décembre. Le conseil avait justifié sa décision par des divergences liées au plan de succession et en soulignant que Glenn Chamandy souhaitait aller de l’avant avec une stratégie d’acquisitions risquée de plusieurs milliards de dollars.

Une dizaine d’actionnaires institutionnels indépendants, contrôlant environ 35 % des actions de Gildan, ont publiquement exprimé leur opposition au congédiement de Glenn Chamandy dans les dernières semaines.

La bataille de pouvoir chez Gildan devient de plus en plus acrimonieuse. Les actionnaires se font bombarder de documents depuis le congédiement de Glenn Chamandy le mois dernier. Le conseil d’administration et les actionnaires dissidents se balancent mutuellement des communiqués de presse et des lettres, répondant souvent en l’espace de quelques heures à de nouvelles allégations.

L’assemblée générale annuelle des actionnaires de Gildan se tient habituellement en mai chaque année.