La mine de diamants Renard continue à susciter de l’intérêt malgré ses déboires financiers. À l’abri de ses créanciers pour la deuxième fois en quatre ans, Diamants Stornoway compte également cogner à une soixantaine de portes dans l’espoir de relancer ses activités.

Dans le rouge, ce complexe diamantifère – qui a déjà fait perdre des centaines de millions aux contribuables – est à l’arrêt depuis le 27 octobre, ce qui a provoqué le licenciement de quelque 450 personnes, soit environ 80 % de son effectif. Malgré les conditions de marché difficiles pour le diamant de joaillerie, l’entreprise semble déjà susciter de l’intérêt.

« Stornoway […] a reçu plusieurs demandes de renseignements concernant le processus de sollicitation d’investissement et de vente de la part de parties au courant des procédures en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) », écrit le contrôleur Deloitte, responsable de la restructuration, dans son plus récent rapport.

Situé sur le territoire Eeyou Istchee, dans le Nord-du-Québec, le complexe minier avait redémarré ses activités en 2020. Stornoway appartient à Osisko, Investissement Québec (IQ), la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et Triple Flag. Le gouvernement Legault a déjà fait savoir qu’il ne remettrait pas d’argent dans l’aventure. Les créances de Stornoway s’élèvent à environ 275 millions. Les principaux créanciers garantis sont IQ (120 millions), Osisko (59 millions) et CDPQ (25 millions).

Pertes publiques de la première débâcle de Stornoway

• Investissement Québec : 110 millions
• Caisse de dépôt et placement du Québec : 42 millions
• Fonds de solidarité FTQ : 50 millions

La première phase du processus visant à trouver un acquéreur potentiel devrait s’échelonner jusqu’au 19 janvier, selon Deloitte.

« Stornoway a préparé des documents de mise en marché, y compris […] une liste d’environ 60 acheteurs potentiels stratégiques et financiers internationaux », écrit le contrôleur.

Au printemps ?

Selon l’aperçu des informations fournies aux investisseurs potentiels, la relance des activités à la mine Renard pourrait survenir dès le mois de mai prochain. Au moment d’écrire ces lignes, La Presse n’avait pas été en mesure de joindre le président et chef de la direction de Stornoway, Patrick Sévigny, ainsi que le vice-président des ressources humaines, Denis Desaulniers.

Professeur au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère à l’UQAM, Michel Jébrak n’est pas étonné de voir différents acteurs s’intéresser à la mine Renard. L’expert prévient cependant que les repreneurs devront être patients.

Il faut des personnes qui ne réagiront pas à court terme. C’est ce que l’on ignore pour le moment. Ce n’est pas le moment de vendre des diamants en ce moment. Les prix ont baissé. Est-ce que c’est conjoncturel ou structurel ?

Michel Jébrak, professeur au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère à l’UQAM

Le prix du diamant a fléchi en réaction à la concurrence des pierres synthétiques, populaires auprès des milléniaux en âge de se fiancer. Le marasme est tel que l’Inde, important centre mondial de polissage, a imposé un moratoire sur les importations de diamants bruts jusqu’au 15 décembre dans l’espoir de disposer de son stock.

Il s’agit de l’un des facteurs ayant poussé Stornoway au bord du précipice.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

En septembre dernier, le prix d’un diamant de joaillerie avait plongé aux alentours de 81,50 $ US, selon les documents déposés par la société devant la Cour supérieure du Québec.

Le prix d’un diamant de joaillerie frôlait les 120 $ US le carat en mars. En septembre dernier, il avait plongé aux alentours de 81,50 $ US, selon les documents déposés par la société devant la Cour supérieure du Québec. À la fin de l’exercice financier, le prix moyen devrait être de 97,3 $ US – loin des 112,50 $ US prévus par Stornoway.

Le marché devra donc reprendre du poil de la bête si l’entreprise veut émerger de la protection en vertu de la LACC. Dans un scénario de relance, Stornoway anticipe un prix moyen de 105 $ US en 2024.

IQ, la CDPQ et le Fonds de solidarité FTQ avaient déjà perdu plusieurs dizaines de millions dans le premier naufrage de Stornoway. Ces sommes ne tiennent pas compte du financement public d’environ 400 millions visant à construire le tronçon routier permettant de relier le complexe minier à la route 167.

Avec André Dubuc, La Presse

En savoir plus
  • 13 millions
    Pertes accumulées par Stornoway à la fin de septembre 2023
    Source : Deloitte
    2016
    Année où la mine de diamants Renard a été inaugurée
    Source : gouvernement du Québec