Le faible niveau d’eau dans les réservoirs d’Hydro-Québec a forcé la société d’État à réduire ses exportations, ce qui a fait chuter son profit net de 500 millions, soit 58 %, au troisième trimestre.

Le bénéfice net d’Hydro-Québec a été de 363 millions pour les mois de juillet, août et septembre 2023, en baisse de 499 millions comparativement à la même période l’an dernier, alors que les profits avaient atteint 862 millions.

Le niveau des exportations est actuellement à son plus bas depuis 10 ans, a expliqué Jean-Hugues Lafleur, vice-président exécutif et chef de la direction financière d’Hydro-Québec, en raison de la réduction des niveaux d’eau dans les réservoirs.

« Cette faible hydraulicité n’a eu aucun impact sur l’approvisionnement en énergie du Québec et les engagements à long terme conclus avec les marchés voisins, a-t-il dit. Nous avons toutefois restreint les ventes d’électricité sur les marchés externes afin de gérer nos ressources de façon optimale, ce qui a donné lieu à une diminution des produits provenant des ventes hors Québec. »

Le volume des exportations est en baisse de 32 % par rapport à l’an dernier.

Le peu de neige tombée l’hiver dernier, la faible crue printanière et les faibles précipitations de l’été ont fait en sorte de réduire le niveau d’eau dans les réservoirs.

Cette faible hydraulicité n’est pas un sujet d’inquiétude pour Hydro-Québec. « Les études qu’on a sur le long terme prévoient une hausse des apports d’eau, a expliqué M. Lafleur. C’est malheureux, mais les changements climatiques font en sorte qu’on aura plus d’énergie. »

À cause des changements climatiques, justement, la société d’État devra adapter ses méthodes de construction et prévoir notamment un rehaussement des digues qui retiennent l’eau en amont des réservoirs, a précisé Jean-Hugues Lafleur.

Des contrats à alimenter

Dans une année normale, Hydro-Québec exporte près de 30 térawattheures par année. Ce volume d’exportation sur les marchés de gros qui a été très rentable au cours des dernières années sera considérablement réduit quand les deux contrats à long terme conclus avec le Massachusetts et New York seront en vigueur.

Ces deux contrats totalisent 20 térawattheures, soit plus que tout ce qui a été exporté l’an dernier (19 térawattheures).

Même si la période de faible hydraulicité actuelle devait se prolonger, Hydro-Québec ne craint pas de manquer d’électricité. « On va satisfaire nos engagements futurs et on ne manquera pas d’électricité au Québec », a assuré son vice-président.

Des prix en baisse

Comparativement à l’an dernier, alors que les prix de toutes les formes d’énergie avaient explosé à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le prix de l’électricité est en baisse de 50 % sur les marchés d’exportation d’Hydro-Québec.

Malgré cette chute, Hydro-Québec a obtenu un prix moyen de 10,3 cents par kilowattheure exporté. C’est deux fois plus que le prix moyen du marché de 5,2 cents le kilowattheure, un résultat qui s’explique par la stratégie de couverture des risques.

Pour les neuf premiers mois de 2023, Hydro-Québec affiche un bénéfice net de 3 milliards, en baisse de 554 millions par rapport à la même période l’an dernier.

En plus de la baisse des exportations, la hausse des dépenses d’entretien et de maintenance du réseau a pesé sur la rentabilité.

Les ventes d’électricité au Québec sont en baisse par rapport à 2022, en raison du dernier hiver qui a été plus doux que la normale. En janvier 2023, la température moyenne a été de 9 degrés Celsius supérieure à celle de janvier 2022, selon Hydro-Québec.

Les revenus des ventes au Québec sont quand même légèrement en hausse, à 9,8 milliards, en raison de l’augmentation des tarifs et de la rentabilité des contrats spéciaux liés au prix de l’aluminium.

Au total, Hydro-Qubec a encaissé des revenus de 12,2 milliards de ses ventes d’électricité depuis le début de 2023, un montant à peu près inchangé par rapport à la même période l’an dernier. Ses investissements atteignent 3,2 milliards, dont les deux tiers ont été consacrés à l’entretien et à la maintenance du réseau de production, de transport et de distribution d’électricité.

Sur les marchés financiers, la société d’État est allée chercher 900 millions en financement au troisième trimestre, à un taux d’intérêt de 4,5 %. La dette totale de la société d’État atteint 50 milliards, au taux d’intérêt moyen de 5 %, ce qui se traduit par des paiements d’intérêt de quelque 2,24 milliards par année.