Une profonde écœurantite. C’est le sentiment qui habite plusieurs entrepreneurs depuis le début de l’année 2023. L’inflation et l’incertitude économique se sont ajoutées aux maux de tête de la pénurie de main-d’œuvre, une pénurie dont ils tentent de limiter les impacts à bout de bras depuis plus de deux ans.

Chaque semaine, ma pratique en ressources humaines m’amène à parler à des dizaines d’entrepreneurs et je suis témoin d’un changement d’attitude. Plusieurs employeurs ont l’impression d’avoir tout donné aux employés depuis quelques années pour les garder, par peur de les perdre subitement. Certains ont même dû gérer de plus en plus de demandes de la part de leurs employés, des demandes parfois même exagérées. La lutte contre la pénurie de main-d’œuvre s’est transformée en un sentiment d’amertume.

L’inflation que l’on connaît est l’équivalent du clou dans le cercueil. Tout coûte plus cher pour vivre et les employés sont directement touchés. Leurs demandes salariales deviennent soudainement plus insistantes et, selon eux, tout à fait justifiées. Les employeurs ont tous entendu la même chanson : « Pour contrer l’inflation, je m’attends à une augmentation de salaire, boss ! »

Les entrepreneurs, et on peut les comprendre, sont tannés d’avoir l’impression que ce sont eux qui doivent assumer la facture pour tout le monde. Les chefs d’entreprise sont devant un défi de taille : l’inflation et son effet boomerang sur leurs coûts d’exploitation en affaires ainsi que leur rentabilité, sans que les ventes n’augmentent pour autant.

En Estrie, un article récent de La Tribune rapportait que les entrepreneurs de Sherbrooke sont maintenant plus préoccupés par l’inflation que par la pénurie de main-d’œuvre. Conséquence : les entrepreneurs doivent gérer leur stress insoutenable. Pourtant, des solutions existent.

Premièrement, plusieurs employeurs se tournent dorénavant vers des profils atypiques parmi leurs candidats. Ainsi, des employeurs font le choix délibéré de recruter de nouvelles ressources moins « parfaites sur papier », mais dont ils parient sur l’efficacité à moyen et long terme. Ces employeurs, qui s’ouvraient sur les profils atypiques avec résignation, découvrent de nouvelles occasions et des employés de cœur avec des talents insoupçonnés !

Les profils atypiques, comme les autodidactes, les personnes en reconversion professionnelle, les retraités ou les travailleurs ayant des compétences spécifiques, offrent une solution de rechange intéressante aux embauches traditionnelles. Ne l’oubliez jamais : les valeurs et l’attitude sont plus importantes que le poids du CV !

Deuxièmement, en choisissant des employés avec des profils atypiques, les employeurs ont l’occasion de repenser leur structure organisationnelle. L’objectif est de faciliter leur intégration et de permettre à chacun d’apporter sa contribution avec sa propre couleur. C’est l’occasion de sortir des cases préétablies et d’innover. Redéfinir la structure organisationnelle implique la création de nouveaux postes, la modification des responsabilités existantes ou la mise en place d’équipes multidisciplinaires.

Troisièmement, les entrepreneurs doivent planifier le transfert de connaissances avec des guides pour faciliter l’intégration des nouveaux employés et une meilleure gestion de risque en cas de départ. Ces guides peuvent inclure des formations, des programmes de mentorat ou des ateliers pour favoriser le partage des connaissances et des compétences.

En terminant, les entreprises doivent investir dès maintenant dans la technologie et l’automatisation avant de frapper un mur. Avec la pénurie de main-d’œuvre qui frappe fort, pourquoi ne pas maximiser le temps requis par un humain pour effectuer une tâche ?

Dans leurs retranchements, les entrepreneurs savent rebondir. Mon message aux entrepreneurs : revoyez vos façons de faire dans votre entreprise et mettez l’accent sur ce qui est réellement important : l’humain.