Le milieu des affaires a poussé un soupir de soulagement à la lecture du premier budget Marceau. Le ministre des Finances garde le cap sur l'équilibre budgétaire, introduit peu de nouvelles taxes et fait l'apologie de l'investissement privé, au grand plaisir des lobbys patronaux.

«C'est un budget qui n'en a que pour l'investissement», se réjouit Simon Prévost, président de Manufacturiers et exportateurs du Québec. Le budget s'occupe du secteur manufacturier parce qu'il est créateur de richesse.»

Essoufflé, le gouvernement s'en remet en effet au secteur privé pour relancer la croissance de l'économie québécoise.

D'après le ministre Marceau, le contexte favorise l'investissement privé. Les taux d'intérêt sont bas, le dollar canadien - avec lequel les entreprises achètent de l'équipement souvent étranger - est fort et les entreprises québécoises vont faire 30 milliards de profit en 2012.

Dans un budget sans grande marge de manoeuvre, le ministre des Finances Nicolas Marceau met de l'avant deux mesures pour stimuler l'investissement privé.

Appel à l'investissement étranger

Le gouvernement annonce un congé fiscal de 10 ans pour les projets d'investissements supérieurs à 300 millions et la prolongation du crédit d'impôt pour les investissements jusqu'en 2017.

«Ces mesures sont susceptibles d'attirer de l'investissement de l'étranger et ça c'est majeur», dit M. Prévost. On pense à des investissements comme celui de 1,2 milliard de l'usine de fertilisants de Bécancour par la coopérative indienne IFFCO. Des agrandissements aux alumineries du Québec pourraient aussi se qualifier pour le congé fiscal. Des centres de données informatiques, entreprises énergivores, sont en théorie admissibles, mais il n'est pas évident qu'un éventuel centre de données nécessitera un investissement de plus de 300 millions.

En 2000, le gouvernement avait instauré un tel congé fiscal. Les retombées se sont chiffrées à 14 projets représentant 4,7 milliards et soutenant près de 7700 emplois. La mesure a fait l'objet d'un moratoire en 2003.

Pour financer ces mesures, Québec va traiter dorénavant comme un avantage imposable les crédits d'impôt remboursables touchant la recherche et développement.

Des hypothèses optimistes aux yeux des patrons

Du côté du Conseil du patronat du Québec, on souligne les intentions louables du gouvernement quant au contrôle des finances publiques et à la mise en oeuvre de conditions propices à l'investissement.

«On est très satisfait de voir que l'atteinte de l'équilibre budgétaire en 2013-2014 est une intention toujours ferme du gouvernement», dit Yves-Thomas Dorval, président du CPQ, qui se disait perplexe la veille du budget.

Même appréciation de la part de la Fédération des chambres de commerce du Québec, bien qu'elle souligne que les hypothèses de revenus anticipés de réduction de dépenses paraissent optimistes.

Pour sa part, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante donne une note de B au budget. Sa vice-présidente pour le Québec, Martine Hébert, applaudit à la volonté exprimée dans le budget de mettre en oeuvre les recommandations du rapport Audet sur la simplification règlementaire visant les entreprises.

Banque de développement économique du Québec

Par ailleurs, le budget confirme la création de la Banque de développement économique du Québec, une promesse électorale du Parti québécois. La banque remplacera l'organisme Investissement Québec, selon ce qu'on a pu comprendre des explications des fonctionnaires des Finances hier. Le nouvel organisme livrera aussi des services dans le moment par le réseau régional du ministère des Finances et de l'Économie, autrefois le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation.

Pour ce faire, la banque gérera le fonds de développement régionalisé doté d'une enveloppe de 500 millions annuellement. Il ne s'agit pas d'argent frais, toutefois.

62 MILLIONS

Tous les crédits d'impôt destinés aux entreprises seront désormais considérés comme un avantage imposable. Québec abolit les exceptions qui s'appliquaient toujours à sept crédits d'impôt. Québec prévoit ainsi gagner 31 millions en 2013-2014 et 62 millions en 2014-2015.