Comme il l'avait annoncé, le premier budget du gouvernement Marois ira chercher dans les poches des plus riches les sommes qu'il lui faut pour réduire la taxe santé et éliminer le déficit.

À compter du 1er janvier 2013, les contribuables dont le revenu imposable dépasse 100 000$ paieront plus d'impôt. Ceux qui gagnent 130 000$ et plus paieront à la fois plus d'impôt et cinq fois plus pour la taxe santé, qui passe de 200$ à 1000$ par année.

Ce sont 275 000 personnes, ou 4,3% de l'ensemble des contribuables québécois, qui sont ainsi la cible du ministre des Finances Nicolas Marceau.

Ensemble, ils paieront 322 millions de plus en impôt et 80 millions supplémentaires en taxe santé en 2013.

Seuil critique

Le taux d'imposition des contribuables dont le revenu imposable est de 100 000$ et plus passera de 24% à 25,75% le 1er janvier prochain. Cette augmentation de 1,75% du fardeau fiscal des plus riches fait passer leur taux combiné d'imposition fédéral-provincial à 49,97%, soit pratiquement au seuil considéré comme critique.

L'Ontario a un seuil semblable, mais il s'applique aux contribuables beaucoup plus riches, soit ceux dont les revenus sont de 500 000$ et plus.

Après avoir promis d'abolir la taxe santé, le gouvernement Marois s'est contenté de la diminuer pour le tiers des contribuables québécois, soit ceux dont les revenus sont inférieurs à 42 000$. Le sort des contribuables de la classe moyenne dont le revenu se situe entre 42 000$ et 130 000$ restera inchangé: ils continueront de payer 200$ par année.

Le ministre Marceau a soutenu hier que son budget soulagera les contribuables de la classe moyenne. «Les familles de la classe moyenne, qui peinent à boucler leur fin de mois, verront donc leur fardeau financier diminuer», a-t-il dit en soulignant les autres mesures contenues dans son budget, comme le nouveau crédit d'impôt pour les activités culturelles et sportives des jeunes et le fait que les tarifs d'électricité augmenteront moins que prévu par le précédent gouvernement.

Dans les faits, le fardeau fiscal des familles de la classe moyenne ne baisse pas. Il reste sensiblement le même, estime le fiscaliste Stéphane Leblanc, de la firme Ernst&Young. «Il est même plus élevé qu'avant le budget, si on tient compte de l'augmentation des tarifs d'électricité, et de la hausse de taxe sur le vin, la bière et les cigarettes», explique-t-il.

L'électricité plus chère

L'augmentation des tarifs d'électricité est moins élevée que celle prévue par le gouvernement précédent, mais elle coûtera quand même, à terme, 120$ de plus par année au client moyen d'Hydro-Québec.

Côté gain, les familles n'ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. Elles pourront bénéficier d'un crédit d'impôt pour réduire le coût des activités culturelles et sportives de leurs enfants, a annoncé Nicolas Marceau.

Dès 2013, les familles pourront réclamer un crédit d'impôt équivalent à 20% du coût d'une activité, jusqu'à une dépense maximale de 100$ par enfant. Ce maximum sera graduellement augmenté pour atteindre 500$ par enfant en 2017, et le crédit d'impôt atteindra alors 100$.

Cette mesure est calquée sur celle instaurée par le gouvernement fédéral il y a deux ans. Le gouvernement du Québec se montre toutefois moins généreux puisque seules les familles qui gagnent 130 000$ ou moins auront droit à ce nouveau crédit d'impôt. Au fédéral, il n'y a aucune limite de revenu.

Contrairement à celui d'Ottawa, le crédit d'impôt du Québec est remboursable, ce qui permettra aux familles qui ne paient pas d'impôt d'en profiter.

Le gouvernement québécois espère ainsi améliorer les statistiques qui indiquent que seulement 23% des enfants de familles à revenus modestes participent à des activités sportives organisées, comparativement à 66% des enfants des familles aisées.