Le chômage en Allemagne est tombé en 2011 au plus bas depuis 20 ans, à moins de 3 millions de personnes en moyenne, selon des chiffres publiés mardi qui illustrent à nouveau l'insolente robustesse de la première économie européenne.

Le nombre de chômeurs l'an dernier dans le pays a atteint 2,976 millions en moyenne, son meilleur niveau depuis 1991, et en recul de 263 000 par rapport à 2010, a annoncé l'Agence pour l'emploi.

Le taux de chômage brut a reculé de 0,6 point de pourcentage pour s'établir à 7,1% en moyenne. À titre de comparaison, le taux de chômage en France est supérieur à 9%.

En Europe, seuls l'Autriche, le Luxembourg et les Pays-Bas font mieux que l'Allemagne, selon le dernier pointage livré par l'administration allemande, qui remonte à octobre.

«En plus de la conjoncture, les réformes structurelles ont nettement augmenté les chances» pour les sans-emploi de trouver du travail dans le pays, a estimé l'Agence, qui juge que «le chômage a évolué ces dernières années de manière plus favorable que cela n'aurait été le cas il y a dix ans, à conjoncture égale».

Le chancelier social-démocrate, Gerhard Schröder, avait imposé en 2005 des réformes profondes du marché du travail, taillant de manière drastique dans le système d'assurance-chômage de manière à inciter les chômeurs à retravailler le plus vite possible.

Par ailleurs les Allemands ont payé une relative sécurité de l'emploi par des sacrifices en termes de salaire: selon une étude de l'institut DIW, les salaires réels dans le pays ont baissé de 4% entre 2000 et 2010.

Sur le seul mois de décembre, le taux de chômage brut en Allemagne a grimpé de 0,2 point à 6,6%, avec un clivage régional persistant: le taux était de 5,6% à l'Ouest, mais de 10,6% à l'Est.

Le nombre de chômeurs brut a augmenté de 67 000 à 2,78 millions.

Mais en données corrigées des variations saisonnières, jugées plus fiables par les économistes, le nombre de sans-emploi a continué son déclin (-22 000). Le recul est plus fort que prévu par les analystes interrogés par Dow Jones Newswires, qui tablaient sur une baisse de 10 000 du nombre de chômeurs en CVS le mois dernier.

Lundi déjà, une statistique était venue confirmer la bonne santé sociale de l'Allemagne: le nombre de personnes occupant un emploi dans le pays a également atteint un record en 2011, franchissant pour la première fois la barre des 41 millions, pour une population totale de près de 82 millions d'habitants.

Pour 2012, la plupart des économistes prédisent une évolution plus modérée, mais toujours positive.

Felix Eschwege, de Natixis, table ainsi sur un taux de chômage brut moyen descendant à 6,7% en 2012.

Heinrich Bayer, de Postbank, prévoit lui certes un grand coup de frein dans le déclin du nombre de chômeurs, mais juge tout de même réaliste une nouvelle baisse de 100 000 en moyenne.

Le marché du travail allemand n'est toutefois pas exempt de handicaps: il est marqué par une précarisation notable, et il est vulnérable aux problèmes de pénurie de main-d'oeuvre, vieillissement accéléré de la population oblige.

En ce qui concerne la précarité, l'Agence pour l'emploi a annoncé que la moitié des emplois soumis à cotisation sociale gagnés en 2011 étaient des emplois à temps partiel.

Pour ce qui concerne la demande de main d'oeuvre, le nombre de postes à pourvoir affichés dans les locaux de l'Agence pour l'emploi fin décembre était de 467 000, soit 87 000 de plus qu'un an avant.

«Le grand défi c'est maintenant de faire correspondre les emplois et les gens» au chômage, a reconnu mardi la ministre du Travail, Ursula von der Leyen.

Il ne sera pas facile de convaincre les entreprises, en quête de travailleurs qualifiés au fait des dernières innovations en matière électronique ou logistique, d'embaucher des chômeurs de longue durée (un tiers des inscrits), âgés (un tiers des inscrits a plus de 50 ans), et dont 44% n'ont aucun diplôme.