Le président de l'UE, Herman Van Rompuy, a convoqué pour le 30 janvier le prochain sommet des dirigeants européens, appelé à être encore dominé par la crise de la dette et notamment un projet de pacte sur la discipline budgétaire au sujet duquel les tractations ont débuté mardi.

«Notre prochain sommet est programmé pour le (lundi) 30 janvier», a-t-il déclaré dans un message vidéo diffusé mardi soir. M. Van Rompuy avait jusqu'ici parlé d'une telle réunion pour fin janvier ou début février, sans fixer de date définitive.

Officiellement, la première réunion de l'année des chefs d'État et de gouvernement des 27 pays de l'Union européenne sera consacrée «à l'emploi», a souligné M. Van Rompuy.

Toutefois, cet ordre du jour a toutes les chances, comme lors des précédents sommets, d'être relégué au second plan par la nécessité de trouver une réponse convaincante à la crise de la dette face à des marchés financiers toujours sceptiques.

«Garantir la stabilité financière de la zone euro reste la grande priorité pour notre avenir», a souligné M. Van Rompuy, en parlant d'une «volonté politique inébranlable» des dirigeants pour préserver l'Union monétaire et «l'héritage de nos pères fondateurs».

M. Van Rompuy a choisi à dessein de convoquer un sommet de tous les pays de l'UE et non de la seule zone euro comme le souhait la France en particulier, ainsi que l'Allemagne.

Dans son entourage, on indique qu'il entend garder tout le monde à bord afin de ne pas creuser davantage le fossé avec la Grande-Bretagne, qui s'est isolée lors du dernier sommet des 8 et 9 décembre en refusant d'accepter une révision du traité de l'UE pour renforcer la discipline budgétaire de la zone euro.

Du coup, les pays de la zone euro ont décidé d'aller seuls de l'avant en travaillant à un accord intergouvernemental. Neuf des 10 autres pays de l'Union européenne devraient s'y rallier. Pas le Royaume-Uni.

Les négociations au sujet du contenu du texte ont débuté mardi à Bruxelles au niveau des hauts fonctionnaires. Elles doivent s'achever précisément fin janvier, ce qui coïncidera avec le prochain sommet convoqué par M. Van Rompuy. La signature de l'accord est prévue elle début mars.

L'objectif de l'exercice est de durcir la discipline budgétaire commune en imposant partout dans les constitutions nationales des règles d'or sur le retour à l'équilibre budgétaire et en rendant les sanctions contre les États laxistes plus automatiques.

Mais un premier clivage, attendu, est apparu mardi lors des discussions «entre les pays qui prônent un accord étroit et ciblé sur la discipline budgétaire et ceux qui veulent que l'on y inclue d'autres sujets», sur la convergence économique par exemple, a indiqué un participant à l'AFP.

La France, qui souhaiterait que l'on parle par exemple d'harmonisation des politiques économiques, fiscale notamment, fait partie de ce dernier groupe.

Le Parlement européen, représenté aux discussions, a lui exprimé des réserves dès mardi.

Le chef de file des députés Libéraux Guy Verhofstadt a estimé que l'accord avait surtout une valeur «symbolique» car beaucoup des mesures envisagées auraient pu être décidées par des textes législatifs européens sans en passer par tel exercice. C'est l'Allemagne qui l'a exigé afin d'ancrer dans le marbre d'un traité la discipline budgétaire.

Une autre élue libérale, la Française Sylvie Goulard, s'est elle inquiétée de voir l'Europe se focaliser sur les seules punitions.

«Faire de l'Europe un Père Fouettard, c'est une erreur fondamentale. Ce texte là je ne l'assume pas. Je ne me vois pas aller vendre à mes concitoyens une Europe qui se comporte comme ça», a-t-elle dit, «on est en train de créer un monstre».