Nouveau risque de dérapage budgétaire de la Grèce, nouveaux efforts demandés au pays, nouveau report de son sauvetage financier et nouvelle contribution envisagée pour les banques: les signaux négatifs émis par la zone euro ont fait plonger les marchés mardi.

Première victime annoncée de la crise de la dette en Europe, la banque franco-belge Dexia, qui semble promise à un démantèlement, perdait près du quart de sa valeur en fin de matinée à la Bourse de Paris.

Mais toutes les places financières européennes étaient en nette baisse, comme la veille, à l'instar de Wall Street et des Bourses asiatiques.

Réunis à Luxembourg jusque dans la nuit de lundi à mardi, les ministres des Finances de la zone euro ont une nouvelle fois repoussé la décision sur le déblocage de 8 milliards d'euros de prêts internationaux dont Athènes a un besoin vital pour éviter la faillite.

La réunion à cet effet envisagée pour le 13 octobre a été «annulée» et «l'Eurogroupe prendra une décision finale dans le courant du mois d'octobre», s'est borné à dire le chef de file des ministres des Finances de l'Union monétaire, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.

Les pays de la monnaie unique attendent les conclusions de la troïka des bailleurs de fonds publics de la Grèce (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), actuellement à Athènes pour passer au crible ses efforts.

Cette annonce a été accompagnée d'un message qui se voulait rassurant: la Grèce peut tenir jusqu'à la «deuxième semaine de novembre» sans se déclarer en cessation de paiement, selon le ministre belge Didier Reynders. La faillite ne serait donc pas pour octobre.

Autre avancée, un obstacle au second plan de sauvetage de la Grèce décidé en juillet a été levé grâce à un compromis avec la Finlande, qui réclamait des garanties grecques.

Mais ce sont surtout les messages négatifs qui ont retenu l'attention des investisseurs.

Il y a un risque «très élevé» que les finances publiques grecques «déraillent» et qu'on ne puisse éviter la propagation de la crise, a ainsi lâché mardi matin le ministre suédois Anders Borg à Luxembourg, où se réunissaient ses homologues de l'ensemble de l'UE.

«Nous demandons à la Grèce d'accepter des mesures supplémentaires» d'économie pour 2013 et 2014, au-delà de celles qui viennent d'être annoncées pour cette année et la prochaine, a averti dans la nuit Jean-Claude Juncker.

La zone euro a aussi réclamé davantage de privatisations d'entreprises.

Malgré une cure drastique d'amincissement du secteur public prévue pour 2012, Athènes a déjà alimenté les craintes d'un défaut de paiement en annonçant dimanche que son déficit public serait ramené à 8,5% du PIB cette année, mais resterait au-delà de l'objectif initial de 7,4%.

«Un défaut de la Grèce sera évité», a tenté de rassurer le chef de file de la zone euro. «Personne n'envisage une sortie de la Grèce de la zone euro.»

L'Union monétaire est plus que jamais sous pression pour trouver une solution qui dépasse le cas grec. Après les États-Unis, qui l'incitent depuis des semaines à renforcer encore plus son Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour les pays fragiles, le Japon, inquiet de voir le yen à des niveaux historiques, a appelé les Européens à «appliquer rapidement le plan d'aide à la Grèce».

En réponse à ces appels, l'Eurogroupe s'est contenté de confirmer qu'il envisage d'accroître la force de frappe du FESF pour le rendre plus «efficace» sans toutefois en augmenter le volume. Jean-Claude Juncker a seulement précisé que les solutions n'impliquant pas la BCE avaient pour l'heure les faveurs de ses homologues.

Il a aussi confirmé à demi-mot ce que des dirigeants européens commencent à admettre en privé: il faut «prendre en compte» la détérioration de la situation grecque depuis le sommet de la zone euro du 21 juillet et apporter des «révisions techniques» à la contribution des créanciers privés de la Grèce, essentiellement des banques. Autrement dit, il faudra peut-être qu'elles subissent une décote plus importante que les 21% prévus sur la dette grecque qu'ils détiennent.

Selon Anders Borg, il faut en outre «repenser à la manière d'avancer plus vite pour ériger des pare-feux et des mécanismes de sûreté pour maîtriser la situation», notamment via la recapitalisation des banques.