L'affaire Norbourg n'est pas payante seulement pour les avocats. Le liquidateur des fonds Norbourg et Évolution, la firme comptable Ernst&Young, a facturé jusqu'à maintenant des honoraires de 2,7 millions de dollars, avant taxes, depuis 2005.

Ces sommes sont payées à même le rendement sur l'argent des fonds communs des investisseurs qui a été récupéré en 2005, a expliqué hier Martin Daigneault, liquidateur qui a remplacé Pierre Laporte le 2 juin 2009.

C'est donc une somme que ne toucheront pas les 9200 investisseurs floués par Vincent Lacroix. Pas plus que les quelque 10 millions versés aux équipes d'avocats qui les ont représentés lors des recours collectifs. Les clients de Norbourg se sont fait voler 113 millions au total. La fraude a éclaté au grand jour en août 2005.

Martin Daigneault a souligné que ces honoraires, déboursés et autres frais liés au dossier Norbourg sont soumis au tribunal pour approbation. Les honoraires du liquidateur et ceux de ses procureurs sont de plus soumis au ministre des Finances du Québec chaque mois pour revue et approbation.

La somme de 2,7 millions n'est toutefois pas définitive. «Ça va dépendre de ce qui va se passer dans le dossier, de prochains rebondissements, du nombre d'appels que je vais recevoir des gens. Ce n'est certainement pas 1 million de dollars [de plus], mais je ne peux pas vous dire de chiffre exact.»

L'équipe de M. Daigneault est en effet débordée ces jours-ci d'appels téléphoniques des victimes de Vincent Lacroix. Ceux-ci ont des questions au sujet de la distribution des chèques dans le cadre du règlement du recours collectif de 55 millions survenu en janvier 2011.

Comme administrateur du règlement à l'amiable, Ernst&Young touche 100 000$ de l'Autorité des marchés financiers pour la distribution des chèques aux victimes. «C'est assez pour faire la distribution, mais pas assez pour répondre aux milliers d'appels qu'on reçoit et qu'on va recevoir», dit Martin Daigneault.

Critiques envers Ernst&Young

Par ailleurs, des investisseurs ont communiqué avec La Presse Affaires dans les derniers jours pour se plaindre de ne toujours pas avoir reçu de communication écrite de la part d'Ernst&Young à propos de leur chèque. Ils déplorent en outre que l'administrateur néglige de les rappeler promptement.

M. Daigneault s'en défend bien. Il soutient que les investisseurs sont rappelés au plus tard dans les 48 heures. Selon ses dires, sept personnes travaillent au dossier chez Ernst&Young, dont d'anciens employés de Norbourg.

Il précise que dans le cas des comptes enregistrés, comme des comptes REER, les chèques sont envoyés directement à l'institution financière et non pas à l'investisseur ou à son courtier. Le transfert des sommes dépend donc de la vitesse à laquelle le centre de traitement de l'institution, en période de vacances, va traiter les chèques et les imputer aux comptes individuels. Une photocopie des documents envoyés à l'institution financière est par la suite transmise aux investisseurs.