Malgré un nouveau plan de sauvetage, la Grèce, sous perfusion internationale, est désormais à un cran du défaut de paiement, selon l'agence de notation américaine Moody's, qui estime lundi que le pays ne sera pas en mesure de rembourser intégralement ses créanciers.

Première des trois grandes agences à dégrader la note d'Athènes depuis l'annonce jeudi dernier d'un deuxième plan d'aide au pays, étranglé par une dette colossale, Moody's a abaissé celle-ci de trois crans, la faisant passer de Caa1 à Ca. Celle-ci n'est plus qu'à un cran du défaut de paiement.

Contrairement à sa tradition, Moody's estime que la perspective de la note est appelée à évoluer.

«Cette dégradation reflète les pertes attendues qu'induit l'échange de dettes», explique Moody's, l'une des trois grandes agences de notation mondiales.

Pour Moody's, les échanges d'anciennes obligations grecques contre de nouvelles qui accompagnent cet accord «induisent que les créanciers privés vont essuyer des pertes», explique l'agence dans un document lundi.

Une fois l'échange entre les anciens titres de dette grecque et les nouveaux effectué, «Moody's le considérera à ce moment-là comme un défaut (de paiement) du gouvernement grec sur sa dette publique», prévient l'agence.

Cette situation est inédite au sein de la zone euro et pourrait provoquer un engrenage périlleux pour le secteur bancaire européen qui détient des quantités très importantes de dette publique grecque.

Se voulant rassurant, le président de la BCE Jean-Claude Trichet - pourtant le plus farouche opposant à un défaut de paiement de la Grèce - a toutefois assuré que «tout a été mis en place pour faire face à toute éventualité». Une manière de dire que le défaut grec sera sous contrôle.

Fitch, l'autre grande agence de notation, avait annoncé vendredi dernier qu'elle allait placer en défaut partiel la dette de la Grèce car le nouveau plan vient modifier les termes initiaux de ses prêts.

Le nouveau plan d'aide à la Grèce prévoit en effet une participation du secteur privé, principalement des banques. Celles-ci ont accepté de ne pas être remboursées sur la totalité des prêts consentis à Athènes et vont contribuer à hauteur de près de 50 milliards d'euros au sauvetage du pays. Cette participation se fera notamment via un échange de titres arrivant à échéance jusqu'à 2020 contre le rachat de nouvelles obligations à trente ans.

Comme sa rivale Fitch, qui avait jugé «positif» la semaine dernière l'accord des dirigeants de la zone euro pour stabiliser la crise sans précédent secouant l'Union monétaire, Moody's relève quelques points positifs.

Il permettra à la Grèce d'être un peu moins dépendante des marchés financiers et de limiter les coûts liés à sa dette, estimée à 350 milliards d'euros.

Cet accord aura toutefois un impact «limité» sur l'objectif de réduction de la dette d'Athènes. «La Grèce continuera à être confrontée à des défis de solvabilité à moyen terme: son stock de dettes excédera toujours 100% de son PIB (Produit intérieur brut) pendant encore de nombreuses années», avance l'agence de notation.

Ce compromis, obtenu après des semaines d'atermoiements de la classe politique européenne, a également pour but de contenir le risque de contagion de la crise à d'autres pays fragiles de la zone euro.

L'Irlande et le Portugal, deux autres pays en difficulté, vont ainsi pouvoir emprunter à des taux réduits à l'avenir.

Mais d'après Moody's, pour les créanciers de ces deux pays, rien n'est certain: les points négatifs vont continuer à l'emporter sur les points positifs, ce qui devrait «peser sur leur note», fait savoir l'agence.