Moins d'un an après la retraite, Jacques Lamarre, l'ex-président de SNC-Lavalin, vient de recevoir le prix Beaubien 2009 de l'Association des firmes d'ingénieurs-conseils du Canada (AFIC). Et le 11 mai prochain, il sera intronisé au Temple de la renommée du monde des affaires à l'occasion d'un gala à Toronto. Entre deux vols qui le ramenaient d'un séjour aux Jeux olympiques de Vancouver, M. Lamarre s'est entretenu avec La Presse Affaires.

Le prix Beaubien est décerné par l'AFIC à une personne ayant rendu des services exceptionnels à l'Association et au secteur du génie-conseil.

Jacques Lamarre se voit décerner le prix cette année pour avoir été un des chefs de file les plus respectés du secteur du génie-conseil au Québec, au Canada et sur la scène internationale, indique l'AFIC.

«C'est une des plus belles reconnaissances que j'ai reçues de toute ma carrière, et j'en suis très heureux», dit le récipiendaire.

«C'est un très grand honneur d'être sélectionné par les gens de l'industrie, ceux qui connaissent bien ce que l'on a fait et qui peuvent apprécier la qualité de nos réalisations», ajoute-t-il.

Travail d'équipe

Parmi ses plus grandes réalisations, Jacques Lamarre est fier d'avoir réussi, avec son équipe, à propulser SNC-Lavalin au rang de leader de calibre mondial dans l'industrie du génie-conseil. Il s'est retiré en mai 2009 après 13 ans à la tête de l'entreprise dont la valeur boursière a augmenté de plus de 15 fois durant cette période!

M. Lamarre parle constamment d'équipe, car il a toujours cru qu'il fallait distribuer le leadership pour faire progresser une entreprise.

«Tout le monde doit se sentir propriétaire et agir comme s'ils en étaient le président», dit-il. C'est lorsque les gens sont informés qu'ils performent le mieux, et la distribution du leadership assure que l'information circule, selon lui.

Fusion avec SNC

Recevoir le prix Beaubien n'empêche pas Jacques Lamarre de se rappeler l'époque durant laquelle il parlait de succès, mais aussi d'échecs.

Au début des années 90, le Groupe Lavalin, où il a commencé sa carrière en 1967 et dont il présidait les destinées avec son frère Bernard et deux autres associés, s'est retrouvé en sérieuse difficulté financière. L'entreprise s'était lancée dans des investissements dans le secteur de la pétrochimie et dans les chaînes d'information météorologique comme MétéoMédia.

«Cela semblait alors génial, mais quand la récession frappa, la valeur de ces investissements s'écroula», rappelle-t-il.

Cet épisode mena à la fusion avec SNC.

Un secteur de l'avenir

Contrairement à l'industrie manufacturière qui ne cesse de s'effriter au Québec et au Canada, l'industrie des services, dont celle du conseil en ingénierie, est en pleine croissance.

La progression rapide du secteur de l'ingénierie est rendue possible entre autres par la qualité des universités canadiennes, explique Jacques Lamarre.

Il souligne également que le développement du secteur est remarquable, car il ne jouit d'à peu près aucune aide des gouvernements et que rien ne limite la concurrence étrangère.

Bien que retraité, il n'en continue pas moins de trouver excitant les défis qu'offre encore le génie-conseil.

Il estime que le génie-conseil est le secteur de l'avenir et qu'il faut se donner une solide base canadienne. Aux gouvernements, il demande de continuer de développer de bons centres universitaires, mais aussi de favoriser la coopération et les relations internationales.

Toujours actif

Depuis le 1er janvier, Jacques Lamarre occupe un nouveau poste, soit celui de conseiller stratégique auprès des clients canadiens et étrangers du cabinet d'avocats Heenan Blaikie dans les domaines de la construction, de l'énergie, des infrastructures et des partenariats public-privé.

Quel est le rôle d'un conseiller stratégique? «C'est celui qui répond à ceux qui ont besoin de parler à quelqu'un qui a des cicatrices, quelqu'un qui a vécu beaucoup et qui a vu beaucoup de choses», répond-il, en souriant.

Plus sérieusement, il explique qu'il a toujours le goût d'apporter à des gens une contribution qui pourrait les aider à atteindre un plus grand succès.

Jacques Lamarre siège déjà à trois conseils d'administration, soit ceux de RBC Groupe financier, de Suncor Énergie, et de PPP Canada.

Récemment créée, PPP Canada est une société d'État dont le but est d'encourager la formation de partenariat public-privé. C'est elle qui gérera le Fonds pour les PPP, un programme d'infrastructures qui dispose d'un capital de 1,25 milliard de dollars.

Mais il affirme qu'il ne veut pas être membre d'un grand nombre de conseils. «Je veux être sûr d'apporter une contribution significative à ces organisations, mais en même temps, je ne veux pas être submergé», dit-il. Cela pourrait être difficile, car la demande risque d'être forte.

Coup de coeur olympique

Présent aux Jeux olympiques de Vancouver, Jacques Lamarre a eu, comme bien d'autres, un coup de coeur. Mais pour lui, il ne s'agit pas de la performance d'un athlète en particulier. «C'est de voir briller des étoiles dans les yeux de tous ces jeunes qui participaient aux Jeux qui fut vraiment mon coup de coeur», dit-il.

Il n'en était pas à ses premiers Jeux, mais c'était la première fois qu'il avait l'occasion de côtoyer les athlètes d'aussi près.

«En réalisant le courage qu'ils ont eu pour s'entraîner ainsi, on comprend que les Olympiques constituent un événement très sain qui peut permettre de motiver toute une jeunesse», dit-il.