Le cinquième budget de Jim Flaherty en sera un de transition. Le gouvernement Harper misera sur une réduction des dépenses et une croissance des revenus afin d'amorcer un retour vers l'équilibre budgétaire, après un déficit record de 56 milliards.

Le ministre des Finances Jim Flaherty déposera aujourd'hui un budget de transition qui ne contiendra aucune hausse d'impôts ou de taxes et qui n'inclura pas de nouvelles dépenses majeures.

Ce budget, le cinquième concocté par M. Flaherty, doit permettre à Ottawa de faire le pont entre la récession qui a frappé le pays l'an dernier et la reprise économique qui pointe à l'horizon cette année. Il doit aussi permettre au gouvernement Harper d'amorcer le retour à l'équilibre budgétaire d'ici cinq ans après un déficit record de 56 milliards de dollars en 2009-2010.

M. Flaherty compte venir à bout de ce boulet financier en sabrant les dépenses du gouvernement. Cette tâche difficile sera quelque peu facilitée avec la fin des mesures pour relancer l'économie à partir du 31 mars 2011. Le plan de relance des conservateurs, adopté l'an dernier et étalé sur deux ans, prévoit encore des dépenses de 19 milliards au cours des 12 prochains mois.

En outre, la fin de la mission des 2800 soldats canadiens en Afghanistan, en 2011, permettra d'économiser quelque 1,5 milliard par année.

Cela dit, le gouvernement Harper mise sur une réduction des dépenses et une croissance des revenus grâce à la reprise de l'économie pour mettre fin à l'encre rouge. Des premières compressions ont d'ailleurs été annoncées hier dans le discours du Trône, donnant ainsi le signal du début d'une période d'austérité. Le gouvernement Harper a en effet annoncé qu'il présentera un projet de loi pour geler les salaires du premier ministre, des ministres, des députés et des sénateurs. Il compte aussi geler les budgets de fonctionnement des ministères.

«Les Canadiens vivent selon leurs moyens et s'attendent à ce que leurs gouvernements en fassent autant», pouvait-on lire hier dans le discours du Trône. Le ministre Jim Flaherty répétera sans doute cette phrase dans son discours sur le budget aujourd'hui.

Dans son budget, le grand argentier du pays doit faire connaître ses cibles de réduction du déficit au cours des cinq prochaines années. La majorité des économistes et le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, affirment qu'il sera impossible d'éliminer le déficit sans augmenter le fardeau fiscal des particuliers et des entreprises.

Selon les dernières prévisions du ministère des Finances, le déficit devrait passer de 56 milliards en 2009-2010 à 45 milliards en 2010-2011, 27 milliards en 2011-2012, 19 milliards en 2012-2013, 11 milliards en 2013-2014 et à 5 milliards en 2014-2015.

Reprise plus forte

Mais la reprise économique s'annonce plus forte que prévu et ces chiffres pourraient être corrigés à la baisse dans le budget de M. Flaherty. Au dernier trimestre de 2009, la croissance de l'économie a atteint 5%, dépassant largement les prévisions des économistes.

Dans son budget, le ministre des Finances ne devrait pas annoncer de nouvelles dépenses majeures. Aussi, il devrait confirmer que le crédit d'impôt pour la rénovation résidentielle, qui a pris le 31 janvier et qui était très populaire auprès des Canadiens, ne sera pas reconduit.

Tout indique que M. Flaherty ne réduira pas le budget de la Défense nationale, qui a augmenté de façon importante depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir en 2006. Le budget supplémentaire des dépenses déposé hier au moment même où la gouverneure générale Michaëlle Jean lisait le discours du Trône confirme que le budget de la Défense augmentera de 1,9 milliard en 2010-2011, notamment en raison de la mission en Afghanistan (822 millions de dollars) et l'achat de nouveaux équipements militaires. Le budget total pour ce ministère sera donc de 21 milliards de dollars cette année.

Malgré la période d'austérité qui commence, M. Flaherty annoncera quelques saupoudrages. Ottawa doublera notamment sa contribution annuelle pour les athlètes de haut niveau (22 millions de dollars en tout) à la suite de leurs succès remportés aux Jeux olympiques d'hiver.

La Société Radio-Canada se verrait quant à elle attribuer 38,3 millions de plus cette année pour compenser la perte de revenus publicitaires causés par le ralentissement économique.

L'industrie forestière, durement frappée avant même le début de la récession, pourrait par ailleurs obtenir un nouveau coup de pouce d'Ottawa, tout comme les producteurs agricoles, selon des informations qui circulaient hier soir dans la capitale fédérale.

 

Budget fédéral 2009-2010

Déficit prévu

33,7 milliards

Déficit réel

56 milliards

Écart

22,3 milliards

Source: ministère des Finances