À l'approche de la retraite, la crise financière et ses conséquences économiques vous inquiètent?

Penser en termes de ressources

Autre aphorisme de François Morency: "Quand tu penses en termes d'argent, tu es aussi pauvre que tu le penses. Quand tu penses en termes de ressources, tu es beaucoup plus riche que tu penses." Quelle ressource? Toute autre que l'argent. Emprunter un outil plutôt que de l'acheter. Échanger un service avec un voisin. Mettre à profit ses talents. Ou ses amitiés. Il donne l'exemple d'une personne en situation difficile qui avait besoin de reprendre son souffle. "Tu ne connais personne qui pourrait te prêter son chalet quelques jours?" l'a-t-il interrogé. "Il faut oser demander: tu permets à l'autre de donner."

Mieux gérer et mieux vivre

«Mieux gérer son argent, ce n'est pas se mortifier», soutient François Morency. Il s'est aperçu que mieux il mangeait, moins ça lui coûtait cher pour le faire. Respectant les règles suggérées par des nutritionnistes, il a réduit la proportion de viande et de protéines dans son assiette. «On suggère le quart de l'assiette, indique Marise Charron, nutritionniste et présidente du groupe Harmonie-Santé. On n'a pas vraiment besoin de plus. S'il y a beaucoup de légumes avec ça, ça coûte moins cher et c'est plus santé. La personne se sentira moins fatiguée en après-midi et pourra faire ses activités plus facilement. Ce qui coûte encore moins cher, c'est l'ajout de légumineuses dans son menu. Je suggère un repas de légumineuse par jour.»

À l'approche de la retraite, la crise financière et ses conséquences économiques vous inquiètent?

C'est le moment propice pour faire une révision générale, estime Daniel Gladu, planificateur financier à la succursale d'Outremont de BMO Banque de Montréal. «Il est important de refaire son bilan, de dresser la liste de ses actifs, de ses ressources, indique-t-il. Il faut les évaluer en valeur mais surtout en utilité.»

Un exemple? Un couple qui prend sa retraite possède sans doute encore la résidence familiale, vaste, coûteuse en chauffage, en entretien et en impôt foncier. Peut-être est-ce le moment de la vendre pour acheter un logement plus petit et mieux adapté aux nouveaux besoins. «Si la situation est un peu plus sérieuse sur le plan financier, voilà une porte de sortie pour générer des liquidités», observe le planificateur.

Si une portion incompressible de vos dépenses est soutenue par des placements boursiers, il faudra «voir comment travailler avec ces sources de revenus», indique Daniel Gladu.

Certains placements hors REER se capitalisent peut-être, souligne-t-il. Les dividendes ou les intérêts sont réinvestis automatiquement. «Arrêtons de réinvestir et ramenons ces revenus dans le compte pour subvenir aux besoins», suggère M. Gladu. Bref, il faut revoir le portefeuille avec son planificateur et en tirer le meilleur parti en attendant le rétablissement du marché.

Combien d�©pensez-vous?

Savez-vous combien vous dépensez chaque année? C'est le moment ou jamais de le découvrir: vous établirez ce que les planificateurs financiers appellent poétiquement votre coût de vie.

Il s'agit de faire la liste des dépenses et de les classer par priorité. Un budget permettra ensuite de les contrôler, et si nécessaire d'en comprimer certaines.

Peut-être sera-t-il opportun de décaler de 12 à 24 mois certaines dépenses qui avaient été prévues dans les premiers mois de la retraite, observe Daniel Gladu, «un voyage ou l'achat d'une voiture, par exemple».

Car un axiome classique veut qu'un budget permette de faire des choix. «Plutôt que de dépenser 50$ par mois en revues, je suis peut-être mieux de mettre mes 50$ de côté», observe François Morency, président d'Aviso, les Conseillers financiers. «Un de mes amis a réduit ce type de dépense, a mis l'argent économisé dans un pot, et au bout de deux ans, s'est payé un voyage en Irlande.»

Siffler en travaillant

L'exercice budgétaire consiste à maintenir l'équilibre entre dépenses et revenus. Mais dans cette équation, rien n'oblige à ne contrôler qu'une seule variable. On peut réduire les dépenses, mais également augmenter les revenus.

«Au lieu de dépenser de l'argent pour t'occuper, tu peux en gagner en t'occupant», résume François Morency.

Il donne une série d'exemples dont il a été témoin. Une personne qui avait rêvé toute sa vie d'être clown a réalisé ce rêve à la retraite... et est désormais payé pour le faire. Un chauffeur d'autobus, qui voyait des centaines de personnes monter dans son véhicule, s'est retrouvé à court de contacts humains, une fois à la retraite. Il s'est déniché un travail à temps partiel comme pompiste. Un amateur d'ébénisterie a pu rentabiliser son passe-temps en vendant ses meubles. «Même si ça ne fait que payer ses matériaux, ça ne coûte pas cher pour s'occuper!», commente François Morency. Il s'agit là d'une autre équation algébrique: comment augmenter la proportion de bonheur par dollar dépensé.

Ne vous privez pas

Principal cardinal: ce n'est pas parce que l'économie est menacée de dépression qu'il faut y plonger soi-même. Supprimer entièrement une dépense crée de la frustration. Mieux vaut la réduire, ou, comme le dit François Morency, «trouver des éléments plus créatifs».

Vous jugez que vous devez annuler votre voyage annuel dans le Sud de 3000$, au moins pour cette année? «Vous conserverez peut-être 500$ ou 1000$ pour faire autre chose à la place», suggère François Morency. Même principe si on décide de se serrer la ceinture dans les vêtements: il n'est pas question de ne plus rien acheter, mais d'acheter moins, et idéalement, d'acheter mieux - faire ses achats à contre-saison, par exemple.

On ne doit pas couper dans l'essentiel. Or, «le plaisir est aussi un besoin,», ajoute le conseiller financier.

Se donner des règles

Chacun a des passions qu'il n'est pas question de supprimer, mais rien n'empêche de les canaliser.

Passionné de musique, François Morency s'est donné une règle: il n'achète plus qu'un CD à la fois. «Quand j'en achetais trois ou quatre, il y en avait un qui me plaisait beaucoup, et deux ou trois que j'écoutais à peine une fois.» Maintenant, il en écoute quatre ou cinq au magasin, choisit celui qui lui plaît le plus, et reporte à la prochaine visite l'achat d'un des délaissés - s'il l'intéresse alors toujours. «L'idée est de se donner des règles pour jouer sa vie et avoir plus de plaisir», énonce-t-il.