Dans une lettre ouverte adressée au premier ministre Stephen Harper, plus de 800 scientifiques de partout à travers le monde critiquent ce qu'ils qualifient du déclin rapide du financement et de la liberté des scientifiques du gouvernement du Canada.

Les 815 signataires provenant de 32 pays déplorent que le travail des scientifiques canadiens soit entravé par les compressions dans leurs budgets et par des contraintes sur leur liberté de voyager, de communiquer et de collaborer avec leurs collègues des autres pays.

Les scientifiques croient pourtant que la complexité des problèmes environnementaux et de santé publique nécessitent la participation des experts de tous les pays, dont le Canada.

«Le leadership du Canada en matière de recherche fondamentale, d'environnement, de santé et d'autres domaines de la santé publique est en danger», écrivent-ils.

La lettre ouverte a été signée par des centaines d'Américains, qui sont les partenaires les plus importants des scientifiques canadiens.

«Depuis qu'il a été élu, notre gouvernement a fait des investissements records en matière de science, de technologie et d'innovation (...) En fait, le Canada a été premier dans le classement des pays du G7 pour la recherche et le développement dans nos collèges, nos universités et nos autres instituts de recherche», s'est défendu le ministre d'État des Sciences et des Technologies, Ed Holder, à la Chambre des communes.

Le ministre a ajouté que le gouvernement allait verser 1,5 milliard $ sur dix ans au Fonds d'excellence en recherche « Apogée Canada ».

M. Holder répondait à une question du député néo-démocrate Kennedy Stewart, qui lui demandait «quand (le gouvernement) allait-il réparer la réputation du Canada sur la science publique?»

Le gouvernement conservateur a beaucoup financé la recherche appliquée, mais il a en même temps diminué les fonds reliés à la recherche fondamentale. Par exemple il a investi 10 millions $ dans une chaire de l'Université de Calgary pour que les chercheurs trouvent des moyens d'extraire plus facilement les sables bitumineux.

Ce n'est pas la première fois que des scientifiques accusent le gouvernement conservateur de museler ses experts. En 2013, des scientifiques américains avaient refusé de signer un accord de confidentialité concernant un projet de recherche conjoint entre le Canada et les États-Unis sur l'Arctique.

Selon un sondage mené par l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada auprès de 4000 scientifiques du gouvernement fédéral, presque 25 pour cent d'entre eux se seraient fait demander d'exclure ou d'altérer des informations pour des «raisons non scientifiques». Plus de la moitié d'entre eux avaient été informés de cas dans leur département où des données avaient été supprimées.

La commissaire à l'information du Canada enquête actuellement sur les politiques de communication du gouvernement fédéral, qui limiteraient l'accès à l'information scientifique financée par les fonds publics.