Les étudiants en psychologie qui s’engagent à travailler deux ans dans le réseau public à la fin de leurs études recevront une bourse supplémentaire de 25 000 $.

Ce qu’il faut savoir

  • Bon an, mal an, quelque 7000 étudiants font leurs études au baccalauréat en psychologie dans les universités du Québec. Annuellement, depuis 2018, un peu plus de 200 décrochent le titre de psychologue, selon le rapport David.
  • Malgré des notes souvent astronomiques, une immense majorité d’étudiants se voient refuser l’accès au doctorat, diplôme incontournable pour devenir psychologue.
  • En ces temps de pénurie dans le réseau public, Québec annonce des mesures pour que les étudiants apportent leur contribution au lieu d’être dirigés vers « un cul-de-sac », tel que l’a qualifié Pascale Déry, ministre de l’Enseignement supérieur.

C’est là l’une des mesures annoncées jeudi par Pascale Déry, ministre de l’Enseignement supérieur, et Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux, dans la foulée du rapport de l’ex-ministre Hélène David.

« On change tout le parcours de formation en psychologie », a résumé Pascale Déry.

En novembre 2022, La Presse a mis en lumière le mur contre lequel butent des milliers de bacheliers en psychologie admis au premier cycle, mais empêchés ensuite d’accéder au doctorat.

Interpellée dans l’article, l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur Hélène David – qui avait qualifié la situation de « rat race » entre étudiants – s’est vu confier la présidence d’un comité pour trouver des solutions. Son rapport est à la base des mesures annoncées jeudi.

En plus de ces 25 000 $ supplémentaires en bourse s’ils promettent de travailler deux ans dans le secteur public (ce qui s’ajoute à une bourse actuelle de 25 000 $ pour les doctorants en psychologie), Québec veut que la formation universitaire soit plus pratique, assortie de stages additionnels et de délais de diplomation.

Ce qui est annoncé, « c’est une petite révolution dans le domaine des programmes de formation en psychologie », estime Hélène David, ajoutant que « c’est du jamais-vu dans le domaine de la santé mentale ».

Les programmes de doctorat professionnel qui mènent à la pratique devront être bouclés plus rapidement qu’actuellement, alors que des étudiants mettent souvent 11 ans à finir leurs études (en raison notamment d’exigences de recherche trop élevées, selon le comité David). Québec souhaite désormais que cela soit ramené à quatre ans.

Le ministère de l’Enseignement supérieur espère par ailleurs que 78 étudiants supplémentaires au doctorat soient admis d’ici quatre ans. Il assure qu’il fera des « efforts additionnels » pour que le manque de superviseurs pour assurer la supervision des doctorants en psychologie dans le secteur public – un écueil majeur à l’heure actuel – soit suffisant, y compris pour absorber l’augmentation souhaitée des demandes de stage et d’internat.

Nouvelles formations plus courtes

Il y aura aussi création de nouveaux programmes plus courts vers lesquels pourront se diriger les étudiants, par choix ou parce qu’ils n’ont pas accès aux places de doctorat qui demeureront peu nombreuses en comparaison des admissions au baccalauréat.

Mais comment s’assurer que les futurs psychologues resteront dans le secteur public, et plus longtemps que les deux ans pour décrocher la bourse supplémentaire de 25 000 $ ? À cela, le ministre Carmant a répondu qu’« il faut rehausser les conditions salariales de nos psychologues. On est en négociation et on a très confiance que Mme LeBel [présidente du Conseil du trésor] va nous arranger cela ».

Comment en est-on arrivé là ?

Le rapport sur l’optimisation de la formation en psychologie, signé par Hélène David (elle-même psychologue clinicienne, professeure de psychologie et vice-rectrice à l’Université de Montréal plus tôt dans sa carrière), Luc Granger et Maxime Colleret, explique les origines du déséquilibre entre les milliers d’admissions au baccalauréat et la poignée d’admissions au doctorat.

« C’est au début des années 1980 que furent plus significativement augmentées les admissions au baccalauréat [en psychologie], entre autres pour répondre au modèle de financement des universités. En conséquence, étant donné les ressources requises pour assurer une formation professionnelle de qualité aux cycles supérieurs, les admissions y devinrent de plus en plus contingentées par rapport aux volumes d’étudiants et d’étudiantes admis au baccalauréat. »

Consultez le rapport David
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  • 1000 :
    nombre de psychologues additionnels requis dans le secteur public d'ici cinq ans
    ministère de la Santé et des Services sociaux
  • 1000
    Nombre de psychologues additionnels requis d’ici cinq ans dans le secteur public selon le ministère de la Santé et des Services sociaux
    SOURCE : Ministère de la Santé et des Services sociaux