Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a fait volte-face vendredi en annonçant dans un communiqué laconique « son intention » d'annuler la fusion controversée du conseil d'administration du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine.

Gaétan Barrette était pourtant resté inébranlable devant le mécontentement suscité par sa décision de regrouper les directions générales et les conseils d'administration des établissements, en 2015. Le ministre avait d'ailleurs affirmé à plusieurs reprises qu'il n'avait pas l'intention de revenir en arrière, malgré l'inquiétude des médecins quant à l'avenir du CHU Sainte-Justine.

Or, voilà que le ministre indique maintenant qu'un décret sera soumis au Conseil des ministres d'ici les prochaines semaines pour dégrouper les directions. Dans une déclaration transmise par courriel à la demande de La Presse, le ministre explique sa décision par l'aboutissement des « projets immobiliers majeurs » du CHUM et du CHU Sainte-Justine.

« Face à ces succès, nous entrons dans une nouvelle ère où il m'apparaît opportun de disposer d'un modèle administratif légèrement modifié, en revenant à un modèle plus traditionnel de deux institutions comprenant leur propre conseil d'administration et leur propre direction », affirme le ministre Barrette, qui ne nous a pas accordé d'entrevue.

« Ça semble rassurant »

La présidente du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) du CHU Sainte-Justine, la Dre Valérie Lamarre a accueilli avec prudence les premiers détails accompagnant la nouvelle, qu'elle a apprise au moment de la publication du communiqué du cabinet de M. Barrette, vendredi vers 16 h. « Ça semble rassurant », a-t-elle réagi.

« La première réaction est évidemment très positive, mais on a besoin de prendre le temps de bien digérer tout ça. Ça semble une bonne nouvelle », a ajouté la Dre Lamarre, exprimant le souhait de rencontrer le ministre Barrette pour bien comprendre « les modalités » de ce retour à la situation antérieure. « On souhaite aussi voir le décret adopté rapidement. »

Le CMDP a multiplié les actions pour dénoncer la fusion des directions qui risquait, selon lui, de causer des « préjudices irréversibles » à l'établissement voué aux soins mères-enfants. Le conseil craignait également que les intérêts de la pédiatrie ne soient plus défendus dans une fusion avec le méga CHUM.

Une « grande marche pour l'avenir » devait d'ailleurs avoir lieu le 6 mai prochain. La Coalition pour l'avenir du CHU Sainte-Justine, dont fait partie le CMDP, comptait depuis quelques jours sur l'appui de trois nouveaux syndicats, en plus de la CSN impliquée depuis l'automne. Le comité organisateur n'a pas encore statué si l'évènement aurait lieu.

« Les décisions que l'on prend sont toujours dans l'intérêt des patients. Je suis convaincu que les organisations qui se sont mobilisées ont le même intérêt », a aussi indiqué par écrit le ministre Barrette, en faisant référence au mouvement de protestation. Les membres des nouveaux conseils d'administration pourraient être en fonction dès septembre 2018.

Québec avait groupé les directions des deux établissements pour permettre « un continuum de soins, de recherches et d'innovation de la naissance à la mort ».