Pour certains aînés ou retraités, le pot est une vieille habitude. Mais d'autres se mettent à consommer sur le tard. Parfois pour des raisons médicales, mais aussi pour tromper le temps, quand les jours de retraite deviennent trop longs.

Les personnes âgées qui cognent aux portes des centres d'aide pour soigner une dépendance le font surtout pour une consommation abusive d'alcool ou de médicaments. Mais, de plus en plus, certains sont des fumeurs de pot. «Ce sont des retraités pour qui le travail a été longtemps une fierté, ou encore des gens qui ont vécu des pertes ou un deuil, indique Jacqueline Blais, infirmière bachelière au programme de désintoxication des 55 ans et plus au Centre Dollard-Cormier. Ils ont une possibilité d'évasion, ça diminue leur sentiment d'isolement, et oups! ça devient régulier dans leur vie.»

La majorité des 55 ans et plus qui se tournent vers le Centre Dollard-Cormier ne sont pas des gens fortunés. Pour eux, la retraite est difficile et n'est pas nécessairement assortie de voyages et d'activités multiples.

«On détecte peu ces gens-là qui ont besoin d'aide», souligne Michel Proulx, psychologue et directeur des services professionnels et de réadaptation au centre Virage. «Quand ils consultent, c'est souvent que leur consommation est liée à un problème de santé. Ils confondent les problèmes causés par la consommation et ceux que cause le vieillissement: irritabilité, confusion, perte de mémoire...»

M. Proulx ne s'inquiète pas des fumeurs de pot de longue date qui grillent un joint pour le plaisir, mais plutôt de ceux qui commencent à le faire pour compenser un changement de vie lié au vieillissement - la retraite, la perte d'un conjoint ou d'un ami, la maladie, etc.

Mais la marijuana a aussi ses avantages pour les personnes âgées. «C'est une bonne façon de soulager la douleur et de stimuler l'appétit», souligne-t-il.