Capitaine de l'équipe canadienne de Coupe Davis depuis 2004, Martin Laurendeau a mené sa troupe à un succès historique, le week-end dernier à Vancouver, contre la puissante formation espagnole, cinq fois gagnante du précieux trophée. Cette victoire, qui couronne plus de 25 ans en Coupe Davis, vaut à Laurendeau le titre de Personnalité de la semaine de La Presse et Radio-Canada.

«Ce sont des années de travail et de préparation qui ont été couronnées à Vancouver. Les joueurs ont été superbes, bien sûr, mais il y a aussi toute une équipe, derrière, qui travaille d'arrache-pied depuis longtemps...»

Martin Laurendeau avait le triomphe modeste, dimanche dernier, après que l'équipe canadienne de Coupe Davis eut remporté pour la première fois de son histoire une rencontre du Groupe mondial - qui plus est contre les favoris de la compétition. Sérieux et un peu réservé devant les médias - c'est son naturel -, il ne s'est épanoui que lorsqu'on l'a interrogé en français.

«Je suis vraiment très heureux en ce moment, a-t-il répondu, en arborant un sourire ému qui trahissait toutes les émotions qu'il ressentait. Cette victoire, c'est la réalisation d'un rêve...»

Contrairement à ses joueurs Milos Raonic, Daniel Nestor ou même Frank Dancevic, Laurendeau n'a pas connu une carrière spectaculaire sur les courts. Joueur étoile à l'Université Pepperdine, il a évolué quelques saisons dans le circuit professionnel. Il a atteint le 90e rang mondial en 1988.

Il est ensuite devenu entraîneur, au milieu des années 90. Il a rapidement obtenu une excellente réputation grâce à sa rigueur et à la qualité de son travail. On a donc logiquement fait appel à lui, en 2004, pour remplacer Grant Connell à la tête de l'équipe canadienne de Coupe Davis.

L'homme de 48 ans a conservé la forme physique et le regard perçant qui lui valent le respect de ses joueurs. Il détient déjà le plus beau palmarès des capitaines canadiens et entreprendra l'an prochain une 10e saison avec l'équipe - une éternité quand on considère les difficultés et les exigences du poste.

Plus importante compétition internationale annuelle par équipe dans le monde, la Coupe Davis est un peu particulière, dans la mesure où c'est le hasard qui détermine souvent le lieu des rencontres - même si l'avantage du terrain est déterminant.

À l'arrivée de Laurendeau, les Canadiens n'ont justement pas été avantagés par le sort. Ils ont dû évoluer à l'étranger pour la plupart des matchs importants entre 2004 et 2011. «C'est à ce moment-là, en 2011, que nous avons vraiment amorcé la poussée qui nous a menés à cette victoire contre l'Espagne, a rappelé le capitaine canadien. Nous avons dû jouer trois rencontres extrêmement difficiles au Mexique, en Équateur et en Israël...

«En Équateur, nous étions menés 0-2, sans Raonic [blessé], et nous sommes venus de l'arrière grâce à Philip Bester, un remplaçant qui a joué le match de sa vie. En Israël, c'est Vasek Pospisil qui a joué les héros en allant chercher trois points, dont le décisif, à la fin, alors qu'il était épuisé.»

De retour dans le Groupe mondial pour la première fois depuis 2004, les Canadiens ont cette fois profité d'un coup de pouce du hasard. Ils viennent de jouer trois rencontres chez eux et seront encore les hôtes, en avril, pour disputer les quarts de finale contre les Italiens.

Mais revenons à cette victoire contre les Espagnols. Comment Laurendeau l'a-t-il vécue, sur sa chaise au bord du court? «Le plus gros de la préparation, on l'avait fait avant d'arriver à Vancouver, a-t-il expliqué. J'étais en Australie, pendant les Internationaux, pour encadrer nos joueurs et évaluer nos adversaires. Mes adjoints se sont aussi déplacés pour peaufiner l'entraînement des joueurs.

«Pendant les matchs, je me suis surtout appliqué à garder les gars en confiance. Milos [Raonic] était très concentré, comme dans une bulle, et je m'assurais surtout que rien ne vienne le perturber. Frank [Dancevic], lui, a joué le match de sa vie. Lui aussi, je ne voulais surtout pas briser sa bulle!

«C'est un joueur émotif qui fonctionne à l'adrénaline, et je me suis assuré qu'il reste très motivé, en alimentant justement son adrénaline. Et j'avais le meilleur siège pour apprécier le spectacle qu'il nous offrait!»

Déjà assurés d'être de retour au plus haut niveau en 2014 - ce sera la première fois de leur histoire qu'ils y évoluent trois années consécutives -, les Canadiens n'entendent pas se contenter de cela.

«Cette équipe peut causer des surprises, surtout chez nous, où nous pouvons déterminer les conditions de jeu, a rappelé Laurendeau. Milos est déjà rendu à un niveau tel que sa présence suffit à éloigner certains joueurs, même parmi les meilleurs. Personne n'a envie de venir ici pour se faire passer 50 as...

«Grâce à lui, grâce aussi à Daniel Nestor - l'un des meilleurs joueurs de double de l'histoire du tennis -, qui pourrait jouer encore un an ou deux, grâce encore à notre relève et à la profondeur de notre équipe, nous avons une belle fenêtre d'occasions. J'espère que nous en profiterons.»

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