C'est une période d'effervescence pour Kim Nguyen et son film Rebelle. L'oeuvre du réalisateur québécois représentera le Canada, pour le prix du meilleur film en langue étrangère, à la cérémonie des Oscars. Le long métrage est aussi en lice, dans 12 catégories, pour les prix Écrans canadiens qui récompensent les artisans de la télévision, du cinéma et des nouveaux médias. Afin de souligner son succès, La Presse et Radio-Canada nomment Kim Nguyen, Personnalité de la semaine.

Les nominations ne cessent de pleuvoir sur Kim Nguyen et son long métrage. Rebelle représentera le Canada à la prochaine cérémonie des Oscars, à Los Angeles le 24 février. Tourné entièrement en République démocratique du Congo, le film retrace la vie d'une jeune soldate qui raconte son histoire à l'enfant qu'elle porte dans son ventre.

Le réalisateur n'était pas préparé à la frénésie qui accompagne une telle nomination. «Honnêtement, dans le milieu, les Oscars sont aussi importants que le Festival international du film de Berlin. Mais maintenant, je vois bien la différence. Être en lice vient avec un buzz médiatique incroyable. C'est vrai que les Oscars sont mythiques. Quand tu es jeune, il y a ton rêve de faire du cinéma, une espèce de voile, et les Oscars de l'autre côté, un but presque inatteignable. Je traverse présentement ce voile avec un grand bonheur.»

Kim Nguyen est présentement en Europe pour faire la promotion de son film. Il s'envolera ensuite pour Los Angeles au début du mois de février. Comme les membres de l'académie doivent avoir vu tous les films afin de pouvoir voter, des visionnements seront organisés dans la ville américaine. Le cinéaste raconte que les activités de promotion font aussi partie du travail de réalisateur. «C'est accaparant, mais c'est un très beau problème. Je garde toujours en tête qu'on y parle de mon film.» Le Québécois reviendra ensuite au pays, avant de reprendre l'avion pour assister à la cérémonie, diffusée dans près de 200 pays.

Bien qu'il aimerait obtenir la précieuse statuette, le réalisateur avoue que le plus important est «d'aller au bout des choses», de vivre l'aventure jusqu'à la fin. Questionné sur une carrière en sol américain, le principal intéressé se montre assez ouvert. «Mais pas à n'importe quel prix, précise-t-il. J'accepterais volontiers une occasion où je peux avoir plus de moyens, tout en gardant ma liberté.»

Prix canadiens

Mardi dernier, Rebelle a aussi été nommé, dans 12 catégories, pour les premiers prix Écrans canadiens. Ces derniers résultent de la fusion des défunts prix Gemini et Génie qui soulignaient l'excellence canadienne en télévision et en cinéma. La cérémonie, diffusée à l'antenne de CBC, sera présentée le 3 mars. Rebelle est le film qui a obtenu le plus grand nombre de nominations.

Le quatrième long métrage de Kim Nguyen est en lice dans les catégories les plus prestigieuses, comme celles de la meilleure actrice, de la meilleure réalisation et du meilleur film. Dans cette dernière catégorie, quatre des six oeuvres sont québécoises. Outre Rebelle, on y trouve Laurence Anyways, Inch'Allah et L'affaire Dumont.

Rebelle a déjà reçu une mention spéciale du jury oecuménique, lors du Festival international du film de Berlin en 2012, en plus d'obtenir l'Ours d'argent de l'interprétation féminine, grâce à sa comédienne principale, Rachel Mwanza. Abandonnée par sa mère, à l'âge de 9 ans, la jeune femme est elle-même une enfant de la rue. Si tout se passe comme prévu, l'adolescente assistera à la cérémonie des Oscars. «Nous travaillons présentement à obtenir un visa afin qu'elle puisse entrer aux États-Unis», précise le cinéaste.

L'aventure Rebelle aura définitivement scellé le destin du réalisateur et de la jeune actrice, qui habite toujours Kinshasa, en RDC. Kim Nguyen et son équipe se sont engagés à lui fournir des outils afin qu'elle puisse apprendre à lire, écrire et calculer. Une tutrice privée a été engagée et les progrès sont déjà visibles. «Rachel a maintenant une page Facebook, où elle s'exprime dans un très bon français. Après l'annonce de notre nomination aux Oscars, elle s'est d'ailleurs adressée à mon producteur par le biais de sa page. Elle voulait qu'il lui envoie de l'argent de poche, afin qu'elle puisse aller fêter notre victoire en ville. Une vraie adolescente quoi!»