Ils sont engagés, autant dans leur répertoire que dans leurs dons. Un engagement inspiré par les confidences de leurs fans sur Twitter et Facebook. Leur fondation, destinée au mieux-être des jeunes, a franchi le million de dollars l'automne dernier. Un exploit pour ce groupe qui considère avoir des responsabilités vis-à-vis de ses fans.

Trois jours avant Noël, Simple Plan a joué à Bombay, en Inde, pour la première fois de sa carrière.

L'enthousiasme de Chuck Comeau était palpable à l'autre bout du fil, même s'il ne savait pas du tout à quel type d'accueil s'attendre ni devant quel genre de foule il allait jouer. «J'ai très hâte de voir ça, a-t-il dit. C'est quand même assez exotique comme show!»

Donner des concerts dans des endroits exotiques, c'est pourtant l'une des spécialités du groupe qu'il forme avec Pierre Bouvier (chant), Jeff Stinco (guitare), Sébastien Lefebvre (guitare) et David Desrosiers (basse).

En 2009, Simple Plan faisait déjà partie des rares artistes à se produire en Indonésie. Sa tournée 2012, l'a mené en Colombie, au Pérou, en Équateur et au Guatemala, des pays qui ne sont pas des «marchés traditionnels».

Chuck met ces choix d'itinéraire sur le compte du «goût du voyage» et de la curiosité, partagés par les cinq membres du groupe. Et aussi sur la culpabilité...

«Peut-être qu'on est trop des bons gars, mais on se sent mal de ne pas aller dans des endroits où les gens nous réclament sur Twitter ou Facebook», dit-il, en précisant qu'il trouve «gratifiant» de voir jusqu'à quel point leur musique voyage.

Des bons gars

L'image de «bons gars» va comme un gant à Simple Plan depuis quelque temps. Plutôt que de s'asseoir sur son succès - 8 millions d'albums vendus en carrière, selon Warner Music -, le quintette formé à Montréal à la fin des

années 90 a choisi de s'engager pour le mieux-être des jeunes. Sa fondation, mise sur pied en 2005, a franchi le million de dollars en dons à l'automne.

L'engagement du groupe n'est pas passé inaperçu.

En avril 2012, Simple Plan est devenu le plus jeune lauréat de l'Allan Waters Humanitarian Award, prix décerné dans le cadre de la cérémonie de remise des Junos, qui souligne la contribution d'artistes de renom à l'amélioration du tissu social canadien.

En mars prochain, les cinq rockeurs recevront aussi l'Allan Slaight Humanitarian Spirit Award, dans le cadre de la Canadian Music Week.

«Quand on commence un band, le but est de faire des spectacles et de faire entendre tes chansons. On n'a pas nécessairement d'autres préoccupations», reconnaît Chuck.

Sauf que, à force d'entendre de jeunes fans dire que des morceaux comme Perfect ou Welcome to my Life les avaient aidés à traverser de rudes épreuves, Simple Plan a mesuré l'impact de ses chansons. Surtout, il a choisi d'en prendre acte.

Sens des responsabilités

«Des fois, les bras te tombent, avoue Chuck, au sujet de ces confidences. Après avoir écouté leurs histoires, tu te demandes ce que tu peux faire pour aider.»

D'où ce million de dollars donné au cours des sept dernières années à Leucan, à War Child, aux activités du Dr Julien, à Jeunesse, j'écoute et à une foule d'autres initiatives nationales ou ultralocales (des projets à Matane, Sherbrooke ou Montréal-Nord).

«Ça a pris une ampleur inespérée et on en est vraiment fiers», souligne le batteur.

Simple Plan se sent responsable vis-à-vis de ses fans. «Mais pas au point où cela dicte ce qu'on fait sur disque ou en spectacle, précise Chuck. On reste un band de rock qui s'amuse.»

Qui sait aussi conjuguer préoccupations artistiques et socio-politiques: le clip de sa chanson Untitled faisait partie d'une campagne de sensibilisation contre l'alcool au volant, alors que celui de This Song Saved My Life évoque l'esclavage humain dans les usines de vêtements en Asie.

Les actes de Simple Plan démontrent le respect qu'il a pour ses fans et, plus globalement, le pouvoir extraordinaire de la musique populaire. Chuck juge d'ailleurs qu'à une époque où la valeur marchande de la musique a diminué, sa valeur émotive, elle, demeure inchangée.

«La musique n'a jamais été aussi présente dans la vie des gens et je pense qu'elle n'a jamais pris autant d'importance, dit-il. Les gens se définissent par les groupes qu'ils aiment. Souvent, c'est comme une bouée de sauvetage.»