Il n'est pas question de construire un nouveau pont Champlain «laid», affirme le ministre fédéral des Transports, Denis Lebel. Mais c'est la sécurité du nouveau pont et le respect des coûts et des échéanciers qui doivent primer.

L'actuel pont Champlain a «une fin de vie utile à moyen terme» et tout dépassement de coûts se répercutera inévitablement sur les automobilistes qui utiliseront le nouveau lien entre l'île de Montréal et la Rive-Sud, a affirmé M. Lebel dans une entrevue accordée à La Presse.

Le nouveau pont doit donc être terminé au plus tard en 2021, et les coûts de construction, évalués à entre 3 et 5 milliards, ne doivent pas être dépassés.

«Il n'y a personne qui veut construire quelque chose de laid. Le design du pont est important. Mais la priorité est de construire quelque chose qui va être solide, sécuritaire et qui va durer cette fois beaucoup plus longtemps et qui va respecter nos échéanciers et les coûts», a expliqué le ministre.

M. Lebel a ainsi répondu à l'une des demandes de la Ville de Montréal, qui souhaite que le nouveau pont Champlain, en tant que porte d'entrée majeure de la métropole, fasse l'objet «d'un concours international d'architecture de design».

Le ministre n'est pas contre l'idée de lancer un tel exercice - il compte organiser une rencontre sur le design du futur pont au cours des prochaines semaines -, mais il ne veut pas que cela ralentisse indûment le projet.

«On doit construire quelque chose dans les délais et dans les budgets que nous avons. Évidemment, l'impact d'avoir une oeuvre d'art dont on ne contrôle pas les coûts va se répercuter directement dans le péage et les gens, par la suite, ne seront pas plus contents. Donc on va trouver un équilibre dans tout cela», a-t-il dit.

D'autres facteurs à considérer

«Il faut aussi considérer le climat que nous avons. Nous sommes dans un climat nordique. Il y a eu des éléments techniques du pont Champlain qui n'étaient pas satisfaisants. On ne fera pas d'autres erreurs du même genre», a ajouté M. Lebel.

Il a aussi insisté pour dire que le futur pont sera payé entièrement grâce aux revenus des postes de péage, à l'instar du futur pont international reliant Windsor à Detroit. L'état des finances publiques à Ottawa ne permet pas de déroger à ce principe, a souligné le ministre. Denis Lebel écarte ainsi une demande du maire de Montréal, Michael Applebaum, qui réclame «un apport de fonds publics significatif pour financer l'infrastructure».

Cela dit, le ministre se défend bien d'agir «en solitaire» dans ce dossier et se félicite de la collaboration entre les divers ordres de gouvernement. Une autre rencontre aura d'ailleurs lieu ce matin à Montréal entre les représentants de Transports Canada, ceux de l'Agence métropolitaine de transport et de Transports Québec afin de discuter des volets techniques des transports en commun.

«Ce sera la 36e rencontre du genre entre les différents partenaires depuis le 23 janvier 2012. C'est plus qu'une rencontre toutes les deux semaines. Nous allons continuer dans ce sens», a affirmé Denis Lebel.

Au Québec de jouer

Il a ajouté qu'il incombe au gouvernement du Québec de déterminer le mode de transports en commun qu'il souhaite sur le prochain pont, y compris l'aménagement d'un corridor pour un train léger sur rail. Il souhaite avoir une réponse du ministre des Transports du Québec, Sylvain Gaudreault, à ce sujet d'ici le mois de juin.

«La balle est dans leur camp. C'est leur compétence et nous allons la respecter. Nous n'avons pas de problème avec un train léger sur rail. Nous sommes pleinement conscients de l'importance des transports en commun dans ce secteur et des tendances de l'avenir. [...] Après juin, nous voulons avancer sur les plans et devis et aller en appels d'offres», a-t-il précisé.

En ce qui concerne le péage sur les autres ponts, M. Lebel s'en remet à la décision des dirigeants de la métropole.

Photo Jeannot Levesque

Denis Lebel