Les partis de l'opposition ont demandé des comptes au directeur général de la Ville de Montréal mercredi, à propos des mesures anticollusion et anticorruption démantelées depuis son entrée en poste l'hiver dernier.

La Presse a révélé mercredi la mise à l'écart de plusieurs de ces mesures qui étaient jugées capitales par les deux directeurs généraux précédents. Par exemple, les projets de contrats devaient autrefois passer deux fois devant le comité exécutif. Selon la nouvelle façon de faire, une grande part des dossiers n'y passe plus qu'une seule fois.

Un groupe chargé de détecter les irrégularités dans les travaux publics, le Chantier d'optimisation du coût des travaux, a été démantelé. Un autre groupe qui réécrivait les cahiers des charges s'est fait ordonner de réorienter ses travaux.

Par ailleurs, les imprévus sont désormais calculés en «fonction de l'historique des projets similaires». Or, les audiences de la commission Charbonneau ont révélé que les prix étaient historiquement gonflés de 30%.

Par ailleurs, plusieurs cadres qui étaient entrés en conflit avec Guy Hébert parce qu'ils freinaient le paiement des travaux réalisés par Catania dans le scandale du Faubourg Contrecoeur ont été mutés.

La cheffe de Vision Montréal, Louise Harel, s'est dite inquiète des agissements du directeur général, même si «la bonne foi se présume». Elle regrette surtout l'abolition du Chantier d'optimisation du coûts des travaux, qui faisait un travail utile pour détecter les «vices cachés», selon elle. «Le fait qu'il ait cessé ses travaux nous inquiète. Je crois qu'il y a matière à réviser ça», dit-elle.

Du côté de Projet Montréal, Richard Bergeron a annoncé qu'il allait demander des explications à Guy Hébert. «Ça m'inquiète suffisamment pour que je lui demande de me rencontrer le plus vite possible, surtout au sujet du Faubourg Contrecoeur», dit-il.

«Si j'ai bien compris, bien qu'il y ait des interprétations diverses, les mécanismes de contrôle ont été affaiblis alors qu'il faudrait les renforcer», ajoute M. Bergeron.

Guy Hébert s'est défendu en expliquant que les mesures abolies n'étaient pas efficaces et que d'autres contrôles sont en place pour lutter contre la collusion et la corruption.