Cinq ans après la tragédie de Lac-Mégantic, un auteur et des survivants réclament encore une enquête publique sur l'accident qui a fait 47 morts. Mais le ministre fédéral des Transports oppose un non catégorique à cette demande. Marc Garneau estime qu'il n'y a plus rien à examiner.

L'auteur d'un livre paru jeudi croyait avoir trouvé de nouveaux arguments pour convaincre le gouvernement fédéral de tenir cette enquête. Selon Bruce Campbell, le Bureau de la sécurité des transports (BST) a altéré ses rapports pour se plier à des pressions politiques.

« Le BST s'est plié aux désirs de l'industrie ferroviaire, de Transports Canada et, au bout du compte, du premier ministre Harper », écrit M. Campbell dans The Lac-Mégantic raid disaster.

Le bureau se veut indépendant, mais selon M. Cambpell, ses membres étant des nominations politiques, ils ont modifié les conclusions de leur enquête en partie « par respect » pour celui qui les a nommés et en partie à cause de « demandes directes » de l'industrie et du gouvernement fédéral. Dans son livre, M. Campbell cite une de ses sources : « La main du cabinet du premier ministre était visible partout ».

Sa sortie est soutenue par la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire de Lac-Mégantic.

« C'est vraiment un plaidoyer bien articulé qui met en lumière l'importance de tenir une enquête publique indépendante sur la tragédie de Lac-Mégantic », a dit Robert Bellefleur, porte-parole de cette coalition, présent à la conférence de presse tenue pour le lancement de l'ouvrage.

M. Bellefleur estime qu'une enquête publique est d'autant plus nécessaire que des pratiques dangereuses continuent d'être observées, y compris à Nantes, lieu du premier incendie dans la nuit du 5 au 6 juillet 2013.

« Actuellement, ce sont les compagnies qui autogèrent leur sécurité. C'est eux-mêmes qui prennent les décisions sur ce qu'ils transportent, comment ils le transportent », s'est désolé M. Bellefleur.

« Donc, seule une commission d'enquête indépendante pourrait venir à bout de revoir la loi et la réglementation ferroviaire au Canada », a-t-il ajouté en promettant de continuer à se battre « non seulement pour les gens de Lac-Mégantic, mais pour tous les Canadiens qui vivent aux abords d'une voie ferrée parce qu'ils sont à risque encore aujourd'hui ».

Cette porte est « fermée », a répondu sans détour le ministre Garneau. « Elle est fermée parce que le Bureau de la sécurité des transports a examiné de fond en comble ce qui s'est passé. Il y a eu des procès. On a tout examiné. Toutes les leçons ont été apprises. Toutes les recommandations ont été faites. [...] Il n'y a pas lieu de recommencer au début », a tranché le ministre à son arrivée aux Communes, jeudi après-midi.

Le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique (NPD) avaient eux aussi des représentants à la conférence de presse, jeudi matin.

Le néo-démocrate Robert Aubin tout comme la bloquiste Monique Pauzé exigent, eux aussi, la tenue d'une enquête publique.

« Ça a fait cinq ans cet été [...] et le transport ferroviaire n'est pas plus sécuritaire aujourd'hui qu'il ne l'était il y a cinq ans. J'ai le goût de vous dire au contraire », a déclaré la députée Pauzé en réitérant la demande pour une enquête menée par un commissaire « indépendant » et « impartial ».