Les citoyens de la Rive-Sud peuvent dorénavant boire sans crainte l'eau du robinet. Hier soir, la Ville de Longueuil a levé l'avis d'interdiction de consommation à Longueuil, Saint-Bruno-de-Montarville et Boucherville. Cet avis aura privé d'eau plus de 300 000 citoyens pendant près de 36 heures.

«Nous avons enfin une bonne nouvelle. L'avis de non-consommation de l'eau est levé. L'eau est potable et ne représente aucun risque pour la santé», a dit la mairesse Caroline St-Hilaire, qui a pris une gorgée d'eau d'aqueduc devant les médias pour souligner la fin de la crise.

Pour lever cette interdiction, les experts se sont basés sur le taux de benzène dans l'eau, le principal indicateur pour déterminer si l'eau est potable.

Les prélèvements, effectués à divers points dans la ville depuis hier, ont prouvé que le pourcentage de benzène dans l'eau était conforme aux normes.

«Il reste des traces, ce sont de très petites quantités. Il se peut qu'il reste des goûts et des odeurs, mais l'eau est potable», a dit Jean-Pierre Richard, directeur du génie à la Ville de Longueuil.

Les autorités ont d'ailleurs admis qu'en réalité, l'eau a toujours été potable et que l'avis de non-consommation n'était qu'une mesure de précaution. La Ville de Longueuil a promis de poursuivre les tests au cours des prochains jours pour s'assurer de la qualité de la ressource. Les 20 centres d'approvisionnement d'eau potable mis en place resteront ouverts pour ceux et celles qui ne pourront tolérer l'odeur ou le goût de l'eau du robinet. Plus de 400 000 litres d'eau ont été distribués jusqu'à maintenant.

Confusion

Plus tôt dans la journée, les autorités ont envoyé des signaux contradictoires sur les actions prises pour contrôler la situation.

Vendredi midi, la mairesse Caroline St-Hilaire et la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, ont dénoncé le fait qu'Environnement Canada ait fait apposer des scellés à la station de pompage de Longueuil et que la Ville n'ait pas pu avoir accès à sa source. Dans l'heure qui a suivi ces déclarations, la mairesse a déclaré que le Ministère avait retiré les scellés.

Puis, Environnement Canada a contredit la mairesse en affirmant n'avoir jamais posé de scellés.

«Environnement Canada n'a imposé aucune directive concernant l'eau potable à la Ville de Longueuil, et n'a posé aucun scellé sur aucun puits», a fait savoir Mélanie Quesnel d'Environnement Canada. «Environnement Canada fournit un appui et des conseils scientifiques au ministère de l'Environnement du Québec, qui est l'organisme responsable», a-t-elle ajouté dans un courriel envoyé à La Presse.

C'est à cette station que la fuite de diesel s'est produite mercredi.

La Ville affirmait qu'elle ne pouvait plus procéder aux analyses qui auraient permis de lever l'avis de consommation d'eau en raison de l'intervention du gouvernement fédéral.

Peu après 16 h], la mairesse a précisé sa première déclaration sur Twitter: «Environnement Canada a mis sous scellé + saisi un équipement de l'usine en plus de verbaliser le responsable des opérations de l'usine».

Mme St-Hilaire maintient toutefois qu'Environnement Canada a suspendu pendant plusieurs heures les travaux de décontamination à l'usine de filtration de Longueuil.

«Au-delà de la formalité à savoir si c'est un scellé, dans la vraie vie, ça nous a retardés d'au moins deux heures», a-t-elle dit lors de son troisième point de presse, à 19h.

Mercredi, près de 28 000 litres de diesel ont contaminé le réseau d'égout de Longueuil et le fleuve Saint-Laurent. Après avoir répété que les réservoirs d'eau potable n'étaient pas touchés, la Ville a dû se raviser jeudi après que plusieurs citoyens se sont plaints que leur eau avait une odeur et un goût étranges.

Le Dr Jean Rodrigue, directeur de la Santé publique de la Montérégie, a confirmé que quelques personnes ont ressenti des malaises après avoir consommé de l'eau contaminée, mais aucun cas grave n'a été répertorié et personne n'a été hospitalisé.

Plusieurs citoyens ont critiqué la réponse de la Ville à cette crise. Le Nouveau Parti démocratique a aussi dénoncé la gestion des autorités dans le dossier.

Tout en préférant attendre avant de faire son autoévaluation, la mairesse s'est tout de même défendue d'avoir agi trop tard.

«Je ne pense pas sincèrement que nous aurions pu faire plus vite [pour avertir les citoyens] parce que nous étions avec plusieurs intervenants» a-t-elle conclu.