Membre de l'exécutif de la Ville de Montréal puis chef de cabinet de l'arrondissement de Gérald Tremblay, André Lavallée est à la disposition de la commission Charbonneau si elle lui demande son éclairage sur les décisions de l'administration de Montréal, a indiqué jeudi son nouveau patron, le ministre Jean-François Lisée.

M. Lavallée, étroitement associé à l'administration Tremblay depuis 2005, a été nommé sous-ministre responsable de la métropole par le gouvernement Marois, en septembre. En chambre jeudi, l'ex-ministre libérale Lise Thériault a réclamé qu'on procède à une vérification des gestes posés par M. Lavallée quand il était membre du comité exécutif de la ville.

M. Lavallée était l'élu responsable de l'aménagement quand des contrats «truqués» ont été octroyés à Construction Frank Catania et Infrabec, la firme de Lino Zambino, relève Mme Thériault. «M. Lavallée était à la table lorsque les décisions ont été prises, notamment les dépassements de contrats qui ont été acceptés dans son arrondissement quand il était maire à une compagnie qui a été nommée carrément à la commission Charbonneau comme étant membre de la mafia. Donc, les questions sont légitimes», de lancer Mme Thériault.

Pour elle, «on ne peut prétendre être un gouvernement plus blanc que blanc, et nommer des gens dans des postes stratégiques, particulièrement concernant la métropole, et penser qu'on ne pourra pas faire les vérifications nécessaires», a soutenu Mme Thériault.

Comme il l'avait fait en réponse à La Presse, plus tôt cette semaine, le ministre Lisée a soutenu avoir interrogé son sous-ministre dès son entrée en fonction. M. Lavallée l'a assuré qu'il n'avait été témoin de rien de répréhensible, et son patron lui a demandé de collaborer avec la commission Charbonneau si cela s'avérait nécessaire.

Mme Thériault s'est défendue de demander la tête du mandarin Lavallée. «Je demande au ministre de vérifier», a-t-elle résumé en expliquant son malaise devant la différence de traitement réservé par le gouvernement à M. Lavallée et à Gérald Tremblay.

«Ce qui me dérange, c'est qu'on ait deux poids, deux mesures. M. Tremblay est un libéral; M. Lavallée est un péquiste notoire, nommé par le Conseil des ministres dans un secteur qui est névralgique.

Comme élu puis comme employé politique M. Lavallée «a passé sept ans dans l'entourage du maire de Montréal, dont comme chef de cabinet, dont comme vice-président du comité exécutif. Il a été responsable des dossiers du transport, il a été maire d'un arrondissement, il a participé à des décisions pour octroyer des contrats à des gens qui faisaient partie d'un cartel et des compagnies qui sont liées à la mafia montréalaise. Ça mérite des réponses aux questions!», a lancé l'ex-ministre Thériault.

Pour M. Lisée, toutes les questions utiles ont été posées: «Je lui ai demandé, à lui, s'il avait connaissance d'irrégularités. Sa réponse fut non. Et ensuite je lui ai demandé de se mettre à la disposition de la Commission immédiatement, ce qu'il a fait. Alors, pour moi, ça me suffit».

Si des faits nouveaux sont établis qui montrent que M. Lavallée tolérait des manquements à l'intégrité, «que justice suive son cours! Mais on ne peut pas présumer de la culpabilité par association de quelqu'un qui a été un jour dans une administration qui a régulièrement donné des contrats à des personnes qui en ce moment sont sous le coup d'une enquête. C'est absurde», a soutenu M. Lisée.

«J'appelle à la réserve et à la présomption d'innocence envers tous ces gens - l'immense majorité des personnes qui travaillent dans les municipalités du Québec. Nous devons présumer que tous ces gens-là ont agi dans le meilleur intérêt des Québécois et de leurs commettants et ne pas se mettre à lancer des allégations qui ne sont non seulement non corroborées, mais qui n'ont aucune base en faits» d'insister M. Lisée.

Photo Jacques Boissinot, archives La Presse Canadienne

Lise Thériault