Léo Bureau-Blouin croit maintenant qu'une indexation des droits de scolarité est «raisonnable» et «acceptable». Les fédérations étudiantes ne s'étonnent guère de la soudaine conversion de leur ex-leader devenu adjoint parlementaire de Pauline Marois.

Mais la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, lance un avertissement: «Léo n'est pas en train de faire avaler à tout le monde l'indexation».

Jeudi, comme il l'avait fait en campagne électorale, le député de Laval-des-Rapides, Léo Bureau-Blouin, a déclaré qu'il entend «pousser pour le gel des droits de scolarité» auprès des instances de son parti. Il défendait cette même position à titre de président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).

Or, il a tenu un tout autre discours hier, au lendemain de l'annulation de la hausse des droits de scolarité du gouvernement précédent. L'indexation est «un compromis acceptable autant pour les étudiants que pour la société», a-t-il plaidé en entrevue au 98,5 FM. La première ministre proposera cette mesure lors du sommet sur l'enseignement supérieur qui aura lieu dans les prochains mois.

«C'est une hausse, mais petite, il faut en convenir», a dit Léo Bureau-Blouin. À environ 2-3%, «c'est tout à fait raisonnable. Ce n'est pas un choc tarifaire qui va freiner l'accessibilité aux études». Il a avancé que le gel est dans les faits «une façon de diminuer d'année en année» les droits de scolarité puisque ceux-ci ne suivent pas l'augmentation générale du coût de la vie.

Il a à peine tempéré ses propos à la radio de Radio-Canada. «Je crois toujours au gel, mais je ne suis pas dogmatique. Je ne suis pas fermé» à l'indexation, a-t-il soutenu. Une demande d'entrevue de La Presse est restée lettre morte.

Pour Martine Desjardins, sa sortie n'a «rien de très surprenant. Léo est devenu adjoint parlementaire de madame Pauline Marois. Donc, il porte le message de la première ministre. C'est de bonne guerre que le Parti québécois commence à vouloir faire passer sa proposition». Elle a parlé à Léo Bureau-Blouin jeudi soir, à la suite de la conférence de presse de Mme Marois. L'indexation n'a pas été abordée.

La présidente de la FECQ, Éliane Laberge, n'est «pas déçue» de son prédécesseur et ne désespère pas qu'il milite en coulisse pour le gel. «On comprend. Il n'est plus président de la FECQ. Il a des allégeances qui sont autres. Il tient la ligne de parti», a-t-elle affirmé.

Les fédérations entendent participer au sommet pour faire la preuve du bien-fondé d'un gel. «Ce n'est pas parce que Léo Bureau-Blouin dit maintenant qu'il est pour l'indexation qu'on va l'être nous aussi», a prévenu Éliane Laberge.

«On a eu énormément de soutien de la part de gens qui prônent le gel, qui savent que c'est la mesure qui va permettre l'accessibilité aux études. Si Léo et le Parti québécois passent du gel vers l'indexation, personne ne va oublier ses valeurs et les positions qu'ils ont défendues», a renchéri Martine Desjardins.

Jeudi, elle a affirmé que le mouvement étudiant pourrait profiter des «tiraillements» internes au PQ pour faire reculer la première ministre sur son intention d'indexer les droits de scolarité. Le PQ tient un conseil national en novembre, où le sujet pourrait être abordé.

De son côté, la CLASSE tient aujourd'hui une manifestation pour la gratuité scolaire.