Devant le dossier transmis en février dernier par l'escouade des crimes économiques de la SQ au sujet des dépenses inconsidérées de l'ex-lieutenante-gouverneure Lise Thibault, le directeur des poursuites, Me Louis Dionne, a choisi de ne pas trancher sur l'opportunité de porter des accusations.

C'est donc à un juge qu'il appartiendra d'évaluer si la preuve amassée par les enquêteurs est suffisante pour prouver «l'intention criminelle» hors de tout doute raisonnable. C'est ce qu'on appelle la préenquête, une procédure tout à fait exceptionnelle qui n'a été utilisée qu'une dizaine de fois en 30 ans.

 

À l'Assemblée nationale hier, Véronique Hivon, députée péquiste de Joliette, a soutenu que ce procédé exceptionnel avait été choisi pour ménager l'ex-représentante de la reine. Selon elle, ce geste «envoie un signal de partialité à la population». Selon elle, la ministre de la Justice, Kathleen Weil, devrait se dissocier de cette décision «pour rassurer la population» sur le fait qu'il n'y a pas «deux poids deux mesures» dans ce dossier.

La réponse de la ministre a été sans équivoque: le directeur des poursuites, Me Dionne, est absolument indépendant du pouvoir politique et la préenquête est prévue au Code criminel. «Laissons la justice suivre son cours», a dit l'avocate, étonnée qu'on puisse penser qu'elle donnerait son opinion sur cette décision de Me Dionne.

Pour la préenquête, en plus des limiers de la SQ et de la GRC, pas moins d'une demi-douzaine des anciens employés de Mme Thibault défileront devant le juge Verdon - autant de témoins potentiels dans un éventuel procès. Le ministère public est favorable au dépôt d'accusations.

Pour ce dossier délicat, les enquêteurs des crimes économiques ont été constamment accompagnés de procureurs de la Couronne pour s'assurer qu'aucun faux pas ne soit commis.

Hier matin, la Cour d'appel a rejeté la demande du procureur de Mme Thibault, Me Michel Massicotte, qui demandait à assister à la préenquête. Me Massicotte a regretté cette décision, qui, selon lui, nuit à la défense de sa cliente. Si le magistrat se prononce pour que des accusations soient portées, on lui transmettra la transcription des témoignages à huis clos, lesquels, vraisemblablement, se poursuivront jusqu'au début de la semaine prochaine.

La demande de report présentée par Mme Thibault a retardé d'une journée ou deux le début des audiences au palais de justice de Québec.