Le Nouveau Parti démocratique (NPD) veut mettre la main sur la circonscription de Bourassa. Et les troupes de Thomas Mulcair n'attendront pas le départ anticipé du député libéral Denis Coderre pour jeter les bases d'une victoire à une éventuelle élection partielle.

Député libéral de Bourassa depuis 1997, Denis Coderre a confirmé dans les dernières heures qu'il souhaiterait briguer la mairie de Montréal ou la direction du Parti libéral du Canada. Il compte annoncer ses intentions au plus tard le 9 novembre, à l'occasion de son «souper spaghettis» annuel, qui vise notamment à marquer le 15e anniversaire de son arrivée à Ottawa comme député.

Mais dans les rangs libéraux, d'aucuns s'attendent à ce que M. Coderre passe à la politique municipale. Le contraire serait étonnant: M. Coderre s'est mis à dos bon nombre de libéraux lorsqu'il a soutenu, en septembre 2009, que des apparatchiks à Toronto avaient la haute main sur l'aile québécoise du Parti libéral. Il avait ensuite démissionné avec fracas de son poste de lieutenant de l'ancien chef Michael Ignatieff au Québec.

Un départ anticipé

«Coderre ne s'est pas fait beaucoup d'amis avec cette virulente sortie», soutient-on chez les libéraux. Plusieurs affirment par ailleurs que M. Coderre ferait un très bon maire de Montréal.

Les stratèges néo-démocrates sont arrivés à la même conclusion il y a plusieurs mois déjà. À leurs yeux, le départ de M. Coderre n'est plus qu'une formalité, et ils s'activent déjà en vue de ravir cette circonscription au Parti libéral du Canada.

Des candidats «de prestige» ont été pressentis pour porter la bannière du NPD dans une éventuelle élection partielle. Mais on refuse de dévoiler quelque nom que ce soit avant que le signal de départ ne soit officiellement donné.

«Nous sommes convaincus qu'il s'en va et qu'il y aura une élection partielle dans Bourassa avant les prochaines élections fédérales. Nous agissons en conséquence», a confié à La Presse hier un stratège néo-démocrate sous le couvert de l'anonymat.

«Bourassa est la circonscription de Denis Coderre, et non pas un château for libéral. Nous pensons que c'est donc une circonscription prenable compte tenu des données démographiques: c'est une circonscription ouvrière, progressiste et qui compte beaucoup de nouveaux Canadiens», a ajouté cette source.

Plus de 12 mois après les dernières élections, le NPD est toujours en tête dans les intentions de vote au Québec, loin devant le Bloc québécois, le Parti libéral et le Parti conservateur. La popularité du chef Thomas Mulcair est aussi indéniable chez les électeurs du Québec. Dans les rangs néo-démocrates, on croit que ces deux facteurs pourraient favoriser une victoire du NPD dans Bourassa. Le NPD détient 58 des 75 sièges du Québec.

Une lutte à deux

Aux dernières élections, la candidate du NPD, Julie Demers, est arrivée deuxième dans Bourassa, à quelque 3000 voix seulement de Denis Coderre. Mme Demers a récolté 32% des suffrages et M. Coderre, 41%. Les autres partis n'étaient tout simplement pas dans la lutte.

Que ferait le chef du Bloc québécois, Daniel Paillé, si une élection partielle avait lieu dans Bourassa? La pression serait forte pour qu'il se présente afin d'obtenir un siège à la Chambre des communes. M. Paillé a été élu chef du Bloc en décembre dernier, sept mois après avoir été emporté par la vague orange au Québec, comme la majorité de ses collègues bloquistes, aux élections fédérales de mai 2011.