La Fédération autonome de l'enseignement s'inquiète de voir que les promesses suscitées par l'implantation du bulletin unique, l'automne dernier, ne semblent pas se concrétiser aujourd'hui avec les épreuves ministérielles.

Au moment où la période d'examens de fin d'année bat son plein dans les écoles, les enseignants constatent que la grille de correction imposée par Québec ne correspond pas à ce qui avait été annoncé.

Avec l'implantation du bulletin unique, l'ancienne ministre Line Beauchamp avait promis un retour aux connaissances. Or, les grilles de correction se basent sur une évaluation des compétences. Surtout, elles imposent des résultats en fonction de critères définis, ce qui ne laisse aucune marge de manoeuvre à l'enseignant pour évaluer ses élèves, dénonce la FAE.

«On se rend compte qu'il n'y a pas de changements. On est toujours dans la même approche des compétences», affirme Sylvain Mallette, vice-président à la vie professionnelle à la FAE.

C'est le cas en mathématiques. Le cadre d'évaluation des apprentissages, un document ministériel qui guide les enseignants dans leur correction, prévoit que 30 % de la note est alloué pour la capacité à résoudre des problèmes et 70 % au raisonnement mathématique.

Le document précise aussi que c'est à l'enseignant de déterminer l'importance à accorder aux différents critères à évaluer.

La grille de correction prévue pour les examens ministériels de juin oblige plutôt les enseignants à attribuer une cote prédéterminée par le Ministère.

Cette méthode accroît la charge de travail de l'enseignant alors que le retour à l'évaluation des connaissances et l'implantation du bulletin unique ne devaient pas amener plus de travail, ajoute aussi M. Mallette.

Un enseignant du secondaire qui a quatre groupes de 30 élèves devra ainsi inscrire pas moins de 3000 données pour la correction de l'examen ministériel, dit-il.

Rencontre avec les syndicats

La FAE entend interpeller la ministre à ce sujet, mais il est trop tard pour que des changements soient apportés cette année.

«On perd encore une année à se faire mentir et à mentir aux parents. Pourquoi? Parce que politiquement, il n'y a pas un ministre qui est capable de mettre au pas les théologiens de la réforme au ministère de l'Éducation», accuse M. Mallette.

Questionnée sur la problématique, la nouvelle ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, rappelle que les grilles sont conçues pour permettre «un enseignement comparable et une méthode d'évaluation comparable».

«Je suis prête à regarder cela si on va trop loin», précise la ministre, en entrevue à La Presse, en soulignant qu'elle rencontrera rapidement les syndicats d'enseignants pour faire le point sur plusieurs dossiers.