La Coalition avenir Québec (CAQ) s'est déclarée favorable à ce qu'un projet de loi permette à La Presse de passer sous le contrôle d'un organisme à but non lucratif (OBNL), mercredi.

Au terme d'une réunion de ses députés, le parti a confirmé qu'il ne s'objectera pas à ce que l'Assemblée nationale se penche rapidement sur l'abrogation d'une loi privée datant de 1967 pour permettre à Power Corporation de se départir du quotidien.

« Nous sommes favorables au dépôt du (projet de loi) sur La Presse, a indiqué sur Twitter la députée caquiste Claire Samson. D'importantes questions de société doivent être débattues. Nous comprenons l'urgence de l'adopter cette session-ci. »

Le changement de statut de La Presse, annoncé la semaine dernière, nécessite l'abrogation d'une loi privée datant de 1967 par laquelle l'Assemblée nationale doit approuver la vente du quotidien. Le parti de François Legault ne s'était pas encore prononcé sur cette modification législative.

Le gouvernement Couillard a accepté de légiférer. Mais son leader parlementaire, Jean-Marc Fournier, a prévenu qu'il faudrait l'aval de l'ensemble des députés pour faire cheminer un éventuel projet de loi.

Le Parti québécois a indiqué ne pas vouloir faire obstruction, mais il a exprimé des réserves sur le transfert de La Presse. Son chef, Jean-François Lisée, craint que Power Corporation garde le contrôle du futur OBNL puisque le conglomérat va nommer le président de son conseil d'administration, conjointement avec la direction du quotidien. Il souhaite donc entendre en commission parlementaire le président et co-chef de la direction, André Desmarais.

La députée indépendante Martine Ouellet, qui est aussi chef du Bloc québécois, a elle aussi exprimé des réticences. Elle a dénoncé le « manque de transparence » de la direction du quotidien.

Québec solidaire est pour sa part ouvert à un éventuel projet de loi, mais souhaite voir la pièce législative avant d'annoncer ses couleurs. Le parti veut aussi entendre en commission parlementaire les représentants de La Presse et de ses travailleurs.

« On n'a pas de problème à ce que La Presse se transforme en organisme sans but lucratif dans la mesure où les conditions de travail sont préservées, les régimes de retraite sont préservés, la sécurité d'emploi est préservée, et dans la mesure où le modèle que va choisir La Presse [est équitable] avec les autres organisations médiatiques », a indiqué le député solidaire Gabriel Nadeau-Dubois.

Quatre syndicats de La Presse, affiliés à la CSN et à la FTQ, ont demandé aux parlementaires de légiférer rapidement pour permettre le changement de statut du quotidien.

Liberté de presse

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) a lancé le même message, mercredi. Son président, Stéphane Giroux, presse l'opposition « d'y penser deux fois » avant d'empêcher l'abrogation la loi privée de 1967.

Selon lui, le débat politique sur le statut du quotidien expose ses journalistes à la pression des élus, ce qui constitue une entrave à la liberté de presse.

« À partir du moment où ça prend la permission de l'Assemblée nationale pour que les journalistes de La Presse puissent continuer à faire leur travail dans un nouveau modèle d'affaires, on trouve ça un peu particulier que des parlementaires puissent s'y opposer », a indiqué M. Giroux.

- Avec Hugo Pilon-Larose