Les allégations d'inconduites sexuelles visant l'animateur Éric Salvail font vivement réagir les parlementaires mercredi matin à l'Assemblée nationale, alors que le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, estime que «le statu quo n'est pas tenable».

«Je salue en particulier les gens qui ont fait ces dénonciations à visage découvert, en acceptant que leur nom soit connu. Ils prennent la responsabilité [du] témoignage qu'ils avancent», a affirmé le chef péquiste en point de presse. 

«Évidemment, M. Salvail doit avoir l'occasion de donner sa version des faits. Je pense qu'on est dans une époque où la pression doit être renversée, et que les harceleurs et les présumés harceleurs doivent être complètement sur la défensive et savoir que ces comportements sont inacceptables, vont être dénoncés et vont avoir des conséquences», a-t-il ajouté.

Sur sa page Facebook publique, en fin d'avant-midi, mercredi, Éric Salvail s'est dit «fortement ébranlé par les propos publiés» et a affirmé aborder cette situation «avec énormément d'empathie pour tous ceux et celles à qui j'aurais pu causer un malaise ou quelque forme de préjudice.»

Le réseau de télévision V a également annoncé depuis le retrait des ondes pour une durée indéterminée de l'émission En mode Salvail

Christine St-Pierre, ancienne ministre de la Culture et de la Condition féminine, s'est pour sa part dite révoltée quand elle a lu l'enquête publiée par La Presse

«À la lecture [de l'article], bien sûr que c'est révoltant et on se dit comment des choses comme ça peuvent-elles se passer ? Mais maintenant il faut aussi reconnaître que dans notre société, il y a la présomption d'innocence. Alors on va laisser les choses suivre leur cours et l'important, c'est que les personnes qui sont victimes de ces actes-là (...) puissent le dénoncer et qu'il y ait des suivis», a-t-elle affirmé à l'entrée du caucus du gouvernement.

Sa collègue Hélène David, actuelle ministre de la Condition féminine, a toutefois refusé de commenter les présentes allégations. 

«Je ne commenterai pas, vous ne réussirez pas à me faire commenter un cas nominatif. [En tant que] ministre de la Culture, ministre de l'Enseignement supérieur, ministre de la Condition féminine, ces choses-là peuvent se passer dans n'importe quel milieu. Je laisse aux gens qui voudraient porter plainte et aller [entreprendre] des processus judiciaires de le faire», a-t-elle déclaré. 

Du côté de la Coalition Avenir Québec (CAQ), la présidente du caucus du parti et députée de Montarville, Nathalie Roy, s'est dite «très déçue et choquée» de lire l'enquête de La Presse

«J'ai été très surprise ce matin en lisant La Presse+ et surtout très déçue et choquée. Mes premières pensées sont allées aux victimes qui ont eu le courage de dénoncer une personne influente en position d'autorité. Je souhaite que les dénonciations de harcèlement et d'agressions sexuelles fassent en sorte que d'éventuels agresseurs ou harceleurs y pensent à deux fois avant de poser des gestes condamnables qui ne sont plus acceptables en 2017. Le respect de la personne et de son intégrité physique devrait guider les relations interpersonnelles», a-t-elle déclaré.

«Pour moi, ce qui est allégué présentement me laisse voir tout à fait des comportements que j'entends beaucoup quand je lis le "hashtag" #MoiAussi, quand j'ai lu #AgressionsNonDénoncées. C'est très difficile pour une victime de se faire entendre, de se faire croire, d'être reconnue que son propos est vrai. Ça illustre pour moi, la situation de M. Salvail, exactement ce qu'une multitude de femmes et d'hommes vivent dans leur quotidien. C'est pourquoi il faut qu'on s'attaque [à ce problème] sérieusement, tant dans le criminel, le formel, que dans le non-criminel, qui est tout aussi reprochable», a pour sa part dit la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé.