Philippe Couillard se dit «préoccupé» par l'escalade des tensions en Espagne entre les défenseurs du référendum catalan sur son indépendance et l'arrestation d'élus régionaux par les forces de l'ordre.

Commentant pour la première fois à l'Assemblée nationale la question catalane, alors que des milliers de citoyens ont manifesté mercredi dans les rues de Barcelone pour réclamer que Madrid permette à la Catalogne de tenir un référendum le 1er octobre prochain, le premier ministre du Québec a lu une déclaration écrite reflétant la position de son gouvernement. 

«Nous aussi sommes préoccupés par les événements [récents], notamment l'arrestation d'élus municipaux. (...) Il ne nous appartient pas bien sûr de nous ingérer dans les débats politiques qui ont cours en Espagne. Nous souhaitons que la Catalogne et l'Espagne reprennent le dialogue politique et démocratique, seule manière de résoudre les tensions qui les éloignent», a déclaré M. Couillard. 

«Bien sûr, toute comparaison est risquée, mais il s'agit ici de quoi ? Il s'agit de concilier un sentiment national fort et l'appartenance à un plus grand ensemble qui accepte et comprend l'expression de ce sentiment. Nous avons acquis au Québec l'expérience de cette conciliation délicate. Nous offrons à la Catalogne et à l'Espagne toute notre amitié et si jugé utile, de partager avec elle cette expérience», a-t-il conclu. 

Le Québec est-il indivisible ?  

Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, s'est immédiatement dit «déçu» des mots choisis par le premier ministre. 

«Il est préoccupé. Il ne s'agit pas d'être préoccupé, il s'agit de condamner une tentative d'un État démocratique d'empêcher la démocratie. J'aimerais qu'il aille plus loin qu'être préoccupé. Peut-il demander à l'Espagne de respecter le droit des Catalans de tenir une consultation ?», a-t-il demandé en chambre. 

En réponse, Philippe Couillard a demandé au chef de l'opposition officielle comment il réagirait si les autochtones réclamaient à leur tour, dans le cadre d'un Québec indépendant, leur droit à l'autodétermination afin de ne pas faire partie de l'ensemble québécois ? 

«La seule façon de garantir l'intégrité territoriale du Québec, c'est l'appartenance à la fédération canadienne», a déclaré M. Couillard devant des péquistes qui l'ont immédiatement accusé de faire reculer la position traditionnelle de son parti sur l'intégrité du territoire québécois en cas d'indépendance.

Le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a pour sa part répondu que son parti respectait aussi le droit des autochtones à l'autodétermination et a réclamé que le Québec envoie un signal fort au gouvernement espagnol pour qu'il respecte la tenue d'un vote démocratique en Catalogne.