L'ancien ministre péquiste Jean Rochon, le père de la Loi sur le tabac, privilégierait un réseau de vente de cannabis contrôlé par le public, plutôt que de confier la tâche aux entreprises privées.

M. Rochon était présent jeudi matin à titre d'observateur à la consultation régionale sur l'encadrement du cannabis à Québec présidée par la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois.  

«Ça prend un organisme qui a un mandat, un mandat contrôlé par le public, si c'est pas même un organisme public, et qu'on ne fait pas un réseau pour faire de l'argent en faisant courir énormément de risques à tout le monde», a-t-il dit aux médias. 

«C'est sûr que le contrôle de la distribution est essentiel. Toutes sortes d'intérêts peuvent vouloir profiter de la mise en vente et de la distribution [du cannabis]. Si on a un produit qui peut avoir des effets nocifs pour la population, c'est encore beaucoup plus important qu'il y ait un contrôle», a affirmé M. Rochon.

«Des organisations privées, c'est fait pour faire de l'argent. Pour les actionnaires, les propriétaires. C'est un but légitime. (...) Dans le cas d'un produit comme la marijuana, de prime abord, si c'est un organisme privé qui développe ce marché-là, on ouvre la porte à pas mal plus de risque», a-t-il ajouté. 

Beaucoup d'absents  

Plusieurs organisations qui étaient inscrites à l'horaire de la consultation dans la capitale nationale sur l'encadrement du cannabis ne se sont pas présentées, jeudi matin. 

Sur les six intervenants qui devaient présenter en matinée le résumé de leur mémoire à la ministre Lucie Charlebois, qui est pour l'occasion accompagnée du directeur national de santé publique, Horacio Arruda, seulement deux d'entre eux ont finalement pris la parole, à la surprise de la salle. 

«C'est un changement important dans la société, on va faire une page d'histoire avec ça», a dit la ministre déléguée dans son discours d'ouverture. 

Pour Philippe Dépault, président fondateur de l'entreprise Maitrileaf, qui distribue des produits pour les consommateurs de marijuana, la légalisation du cannabis doit ouvrir la porte aux entreprises privées qui pourraient en vendre en boutique et en faire la promotion. 

«L'image du ''poteux'' et du ''stoneux'' est une image révolue», a-t-il dit pendant sa présentation, ajoutant que les boutiques devaient avoir le droit de faire la promotion de leur produit afin d'être plus attrayantes que le marché noir.