C'est maintenant le conflit ouvert entre le Parti québécois et Québec solidaire. Ce dernier est dirigé par un « Politburo », un « groupe obscur de radicaux » qui est « nuisible au changement social et politique et au mouvement indépendantiste », a accusé Jean-François Lisée vendredi.

Le processus décisionnel à Québec solidaire (QS) lui « rappelle les groupes d'extrême gauche ».    

La relation entre les deux partis s'envenime chaque jour un peu plus depuis le rejet, par les militants de QS lors d'un congrès le week-end dernier, de tout pacte électoral avec le Parti québécois (PQ).

Le PQ est également « stupéfait » que QS vienne de renier sa signature et de « torpiller » une entente de principe « historique » intervenue entre les quatre partis souverainistes et portant sur une démarche commune d'accession à l'indépendance du Québec.

QS s'est livré à un « exercice de désinformation » lorsqu'il a tenté d'expliquer sa volte-face, estime Jean-François Lisée. Cet épisode prouve selon lui que les porte-parole Manon Massé, Gabriel Nadeau-Dubois et Andres Fontecilla [jusqu'en mai] ne sont pas les « vrais patrons », mais plutôt les « employés » du comité de coordination de QS, un « Politburo » où il y a des « gens de mauvaise foi qui ont un pouvoir prépondérant ». Rappelons que le Politburo est le nom donné au bureau politique du comité central du parti communiste sous l'Union soviétique.

M. Lisée n'a pas nommé les membres de ce « Politburo » qui a « roulé dans la farine » le mouvement souverainiste et « désavoué » les porte-parole de QS. « Ils ont fait très mal au mouvement indépendantiste », a-t-il dit.

QS est-il un parti souverainiste ? « On ne le sait plus », a répondu M. Lisée, appelant les indépendantistes de QS à joindre le PQ.

QS « n'a plus le même visage » depuis le départ de Françoise David, selon lui. « Françoise David donnait de Québec solidaire une image de modération, de rassemblement, de gros bon sens. L'appareil de Québec montre l'image inverse, et cette image est la réalité ».

Par voie de communiqué, la députée de QS Manon Massé a soutenu que les membres du comité de coordination ne sont « pas des illustres inconnus », mais plutôt « des personnes élues au grand jour par les membres lors des congrès ou des conseils nationaux du parti ». Elle demande de « respecter la démocratie interne » de son parti. « Nous n'avons pas l'intention de changer notre structure, bien que certains processus doivent être améliorés, notamment lorsqu'il est question de délégation lors de négociations », a-t-elle affirmé.

QS renie sa signature

Au terme de négociations à la table des Organisations unies pour l'indépendance (OUI Québec), les représentants des quatre partis politiques indépendantistes (Parti québécois, Bloc québécois, Québec solidaire et Option nationale) s'étaient entendus le 10 avril sur une démarche commune d'accession à la souveraineté. Selon l'entente de principe, dès l'élection d'une majorité de députés souverainistes, il y aurait création d'une assemblée constituante chargée de rédiger un projet de constitution du Québec. Il y aurait ensuite référendum portant à la fois sur le statut politique du Québec et ce projet de constitution.

Québec solidaire a toutefois renié sa signature et refusé que l'entente soit rendue publique. C'est son comité de coordination qui a pris ces décisions. Le parti n'a pas soumis cette entente de principe à ses membres au congrès de la fin de semaine dernière, où il y a eu rejet de tout pacte électoral avec le PQ.

« La délégation qui représentait QS aux OUI Québec a mal évalué la situation en signant de bonne foi la proposition de travail, a soutenu la députée et porte-parole féminine de QS, Manon Massé, jeudi. En raison de certains écarts et parce que d'autres débats étaient plus prioritaires, nous reconnaissons qu'il y a eu un certain imbroglio dont nous devons assumer la responsabilité dans ce dossier. Pour nous, il ne fallait pas mélanger la question de pactes électoraux pour 2018 et la question de la mécanique d'accession à l'indépendance. »

Le mouvement souverainiste entre dans une « période de refroidissement », a affirmé la présidente du OUI Québec, l'ex-leader syndicale Claudette Carbonneau, qui a présenté l'entente de principe aux médias jeudi.